De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Des centaines de personnes ont pris part dimanche matin au sit-in devant le tribunal de Larbaâ-Nath-Irathen, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, en guise de soutien aux quatre prévenus dans l'affaire dite des lieux de culte non autorisés dont le procès a été en fin du compte reporté au 10 octobre prochain à la demande du collectif d'avocats des chrétiens protestants poursuivis en justice, il y a quelques mois. Constitué de militants d'organisations politiques et de collectifs de défense des droits de l'Homme, le rassemblement a vu aussi la participation d'un nombre important de personnes anonymes qui sont venues manifester leur désapprobation des «méthodes policières du pouvoir en place qui empêche des individus d'exercer leur foi en toute liberté», commente un manifestant sur place. Le collectif du barreau d'Alger est venu au tribunal de Larbaâ Nath Irathen pour demander le report de ce procès qui a mobilisé l'opinion publique locale et les médias à plusieurs niveaux, en raison d'un «contretemps» qui aurait empêché le collectif de départ, celui qui avait plaidé la cause des deux personnes de Aïn El Hammam la semaine dernière sous le chef d'inculpation d'«atteinte aux préceptes de l'islam» de prendre la défense des quatre prévenus «harcelés par la justice et la police», nous dit un membre du collectif initiateur du sit-in. «Voilà, ils empêchent les gens d'exercer leur culte dans les normes, vous les voyez là en train de prier dans la rue», nous fait remarquer M. Arezki Aït Larbi, du collectif SOS Libertés en danger, en nous montrant du doigt un groupe compact de chrétiens qui chantent des louanges à Dieu absorbés par leur chœur improvisé sur la place publique faisant face au tribunal de Larbaâ Nath Irathen. On pouvait distinguer dans la foule sous surveillance accrue de la police des pasteurs de premier rang de l'église protestante d'Algérie (EPA), des cadres du MAK, du MDS, du RCD, des militants de la cause amazighe et démocratique des années 1970 comme M. Ahcene Cherifi et des militants du MCB (Mouvement culturel berbère). Sur les banderoles des manifestants qui promettent de revenir le 10 octobre prochain pour dire leur soutien sur place et qui se sont donné aussi rendez-vous le 5 octobre à Aïn El Hammam, en soutien aux deux prévenus qui seront fixés le jour même sur leur sort, on lit : «Liberté de culte – Liberté de conscience», «Des lieux de culte pour tous» et «Abrogation de la loi 03-06-2006». Pour sa part, M. Mustapha Krim, président de l'Eglise protestante d'Algérie, nous a affirmé à la fin de la manifestation que la demande du report du procès a été faite «pour mieux défendre nos frères». «Nous espérons aussi le soutien de la population que nous remercions pour sa présence ici tout en espérant des progrès pour les libertés individuelles et collectives dans notre pays notamment la liberté de conscience et de culte.»