Le pouvoir ne peut pas perdurer s'il ne comprend pas qu'aucune politique n'est applicable, aucun progrès n'est possible sans la participation du peuple», a déclaré hier à Oran Sid Ahmed Ghozali. L'ancien chef du gouvernement sous Chadli Bendjedid s'est exprimé lors d'une rencontre organisée au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, mais à l'initiative du Comité d'initiative et de vigilance citoyenne (Civic), animé par M. Bengasmia. «C'est un régime incivique et tout le mal vient de là», estime-t-il encore, reprenant le sigle de ce mouvement citoyen local qu'il a par ailleurs remercié pour les efforts, aussi modestes soient-ils, consentis afin de maintenir le débat d'idées et «faire renaître le civisme», donc l'implication des citoyens dans la vie de la cité. M. Ghozali reconnaît avoir été invité à plusieurs reprises autant par le Civic que par le MDS pour des rencontres similaires, mais il n'a pas trouvé le temps pour cela. Cette fois profitant, dit-il, d'une visite familiale, il a tout de suite appelé les animateurs du Civic qui lui ont improvisé cette rencontre. Selon lui, «c'est la démarche antisociale du pouvoir qui produit les actes antisociaux». «Plus le temps passe, plus la résignation de la population enfle et plus le pays est exposé aux plus grands dangers», prévient-il plus loin, en insérant une assertion selon laquelle «le désespoir ne profite jamais qu'aux seuls mouvements d'idées obscurantistes et intégristes». A la question «où va l'Algérie ?», il se répond en se lançant dans un long argumentaire, avant de conclure que la relation actuelle entre gouvernants et gouvernés ne permet pas de libérer les énergies créatrices capables de produire des richesses en dehors de la rente pétrolière. «Si on planifie pour réaliser tant et qu'au bout du compte on ne produit qu'une petite partie, c'est déjà pas mal, mais si on a les capacités de réaliser beaucoup de choses et qu'à la fin on se retrouve avec peu, c'est grave», explique-t-il, se référant à l'option libérale prônée par l'Algérie mais qui ne trouve pas encore ses marques. M. Ghozali s'est dit contre l'ultralibéralisme qui a montré ses limites avec la crise économique, mais aussi pour des raisons culturelles selon lesquelles en Algérie, un tel système est inconcevable. Le forum démocratique qu'il a voulu lancer n'étant pas agréé, cette question reste ouverte.