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Meriem laouanchi. Docteur en phytopathologie
« Le problème est sérieusement pris en charge »
Publié dans El Watan le 06 - 11 - 2005


Docteur Laouanchi, y a-t-il OGM en Algérie ?
Il n'y en pas en culture, et conformément aux recommandations des textes supranationaux sur la biosécurité auxquels a souscrit notre pays, un arrêté a été pris en 2000, en application du principe de précaution, par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural pour interdire l'importation et l'utilisation de matériel végétal génétiquement modifié. Ce sont le coton, le maïs, le soja et le colza qui sont le plus souvent mis en cause. Ils sont pour l'instant peu ou pas cultivés en Algérie. Cependant, rien ne permet de dire qu'il n'y en pas qui sont importés dans l'alimentation humaine ou du bétail sous forme de produits agricoles transformés. Il n'est pas possible d'effectuer chez nous les expertises scientifiques qui permettent de déterminer un OGM. Pour l'heure, l'arrêté de l'Agriculture qui se base sur les déclarations de l'importateur est l'unique barrière contre les OGM. Elle doit absolument être renforcée par la mise en place d'un cadre pour le contrôle et la responsabilité dans l'utilisation des OGM et pour les réparations et les sanctions en cas de transgression des lois. Ce problème est en ce moment sérieusement pris en charge par les pouvoirs publics.
Les OGM sont-ils réellement dangereux pour la santé et l'environnement ?
En faisant abstraction des controverses, souvent violentes, qui divisent les scientifiques et la société civile à l'échelle internationale, et si on regarde de plus près le protocole de Carthagène (de biosécurité) sur la prévention des risques biotechnologiques ratifié par l'Algérie en juin 2004 et le traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture, on remarque que les OGM sont présentés comme des risques pour la santé et l'environnement. Pour notre part, ces risques sont indéniables. L'Algérie s'est engagée à prendre les mesures pour se prémunir contre leurs effets nuisibles. Les pouvoirs publics planchent actuellement sur un cadre national de biosécurité dont les lignes ont récemment été discutées dans des ateliers techniques et scientifiques. Ce cadre se déploie en un système juridique, un système administratif, un système de contrôle et d'évaluation et de répression etc, ce que nous considérons comme essentiel par dessus tout, avec des mécanismes de participation du public.
Les accords de libre circulation des marchandises avec l'Europe où l'adhésion de l'Algérie à l'OMC ont-ils des effets à craindre ?
Le protocole de biosécurité définit les conditions des échanges transfrontaliers des entités biologiques capables de transférer ou de dupliquer du matériel génétique comme les semences, les plantes et animaux dont le patrimoine génétique a été modifié. Il établit une procédure pour les OGM destinés à être introduits dans l'environnement. Le Codew alimentarus, qui fixe les règles alimentaires et sanitaires nationales et internationales s'appliquent dans le cadre des accords de l'OMC. Toujours en rapport avec l'organisation mondiale du commerce, il y a un aspect lié aux OGM qui, pour ce qui concerne l'Algérie, est d'une importance capitale : c'est le droit de propriété intellectuelle sur les ressources génétiques. Il y a aujourd'hui des lois qui permettent aux multinationales de la semence conduites par l'industrie de la chimie, de breveter le vivant et de s'approprier une semence du terroir au détriment du paysan qui en est le multiplicateur. Les pays en voie de développement ont jusqu'en 2005, c'est-à-dire la fin de l'année pour prendre des textes nationaux qui protègent leurs ressources. Une véritable question de souveraineté nationale. Le traité de la FAO sur les ressources génétiques agricoles et alimentaires fait du bassin méditerranéen la plus importante zone de ressources génétiques de plantes cultivées et l'Algérie avec à une double responsabilité sur ce plan, garantir sa propre souveraineté et protéger un patrimoine universel.
L'avenir ?
Il y a quelques jours, du 28 septembre au 1er octobre, s'est tenue successivement à Tunis et à Monastir (Tunisie) une conférence internationale sur la réglementation des OGM. On y a fait le constat qu'à travers le monde, les législations nationales sur les restrictions en OGM s'étalent de la plus permissive à l'interdiction totale et complète. L'Algérie n'est pas mal lotie, mais à l'instar des pays voisins du Maghreb, elle manque totalement les moyens de contrôle et d'expertise. Ces laboratoires, indispensables, font cruellement défaut. L'Europe dispose d'un réseau de 75 laboratoires chargés du contrôle des OGM. Les scientifiques maghrébins ont eu l'occasion de faire l'inventaire de leurs moyens et d'obtenir une collaboration de la Communauté européenne.


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