La question du contrôle des organismes génétiquement modifiés (OGM) reste entièrement posée en Algérie. Certes, la loi est claire à ce sujet, puisqu'elle en a interdit toute importation. Rappelons que le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a promulgué un arrêté, en décembre 2000, interdisant l'importation et l'utilisation des OGM. Néanmoins, aujourd'hui le débat se pose autrement. Car, contrairement à ce que l'on croit, l'Algérie n'est pas à l'abri des OGM. Le consommateur peut les retrouver dans son assiette sans même le savoir. On a déjà parlé de riz OGM à Béchar et ailleurs. Rumeurs ou pas, difficile de le savoir d'ailleurs. Tout ce qu'on peut dire, c'est que plus de 80% du soja et 40% du maïs cultivés aux Etats-Unis à titre d'exemple et dont une bonne partie est destinée à l'exportation sont génétiquement modifiés. Le risque provient donc du fait que l'Algérie est un pays importateur de denrées alimentaires sous forme de grains de céréales, de légumineuses, d'oléagineux ou en produits finis (sucre, alimentation de bétail, produits alimentaires). Un risque d'autant plus grand depuis l'ouverture du marché et l'importance des importations de matières premières ou produits dérivés d'OGM, surtout que notre pays ne dispose pas de laboratoire de contrôle et de test des OGM. On s'interroge dès lors sur les risques que peuvent provoquer les OGM en matière de santé publique. Et par la même occasion, les citoyens, les consommateurs, les agriculteurs et les entreprises sont-ils suffisamment informés pour organiser une "riposte" économique cohérente et crédible à ce phénomène. La question des OGM mobilise-t-elle réellement la société civile ? Celle-ci est-elle réellement impliquée dans les débats organisés autour de cette question ? Le débat existe-t-il réellement ? La société civile prend-elle la mesure des implications radicales de ces nouvelles technologies sur l'agriculture et le monde rural en Algérie ? Questions saugrenues s'il en est, mais qui traduisent bien une réalité incontournable : la problématique des OGM ne semble intéresser que quelques cercles d'initiés et de scientifiques alors que la société civile d'une manière générale reste sous-informée sinon mal informée. La situation est donc inquiétante! En effet, si les débats sur les OGM sont relativement avancés dans les pays industrialisés, impliquant les communautés universitaires et la société civile, en Algérie le débat reste inexistant sinon confiné à quelques cercles d'initiés. En dépit de la ratification du protocole de Cartagena sur la prévention des risques bio-technologiques relatifs à la convention sur la biodiversité, les débats sur la question des OGM (cadre réglementaire, principes de précaution, biosécurité et bio-vigilance, risques potentiels de dissémination…etc.) restent embryonnaires pour des raisons qui tiennent à l'absence d'informations et à la non vulgarisation de cette problématique à l'échelle de la société. Au-delà des craintes légitimes et objectives des uns et des autres, un débat serein devrait s'instaurer sur la question. L'Algérie a-t-elle les moyens institutionnels et techniques pour prendre en charge la lancinante question de l'utilisation des OGM ? Cette option ne comporte-t-elle pas de risques potentiels ? Les agriculteurs et les entreprises agro-alimentaires sont-elles suffisamment outillés pour intégrer cette problématique dans leurs stratégies ? Les citoyens et les citoyennes sont-ils suffisamment informés pour produire une opinion structurée autour de la question des OGM. Autant de questions qui devraient trouver des réponses si l'on veut aller de l'avant dans un monde globalisé en perpétuel mouvement.