Les travailleurs dénoncent, la non application de l'article 1er de la convention de branche, stipulant qu'une augmentation des salaires variant de 13 à 20 % est octroyée aux salariés des entreprises rentables. Après une accalmie de plusieurs mois, les travailleurs de la câblerie de Biskra (ex-Enicab), filiale de la multinationale «Générale câble» qui en détient 70 % des parts, ont renoué depuis mercredi dernier avec la contestation et la grève. En effet, depuis mercredi des dizaines de salariés se rassemblent quotidiennement devant le portail de l'entreprise afin d'en paralyser l'activité pour signifier leur mécontentement et leur refus des pratiques managériales de la direction, nous a-t-on dit. Légitimant ce débrayage qui «durera tant que la direction fera la sourde oreille aux revendications des travailleurs». Mohamed Yazid Benaïssa, SG du bureau de l'UGTA de cette unité de production de câbles, a expliqué que « cette grève a été unanimement décidé par les travailleurs qui sont érodés par l'attente et excédés par l'impasse dans lequel se trouvent les négociations sur les augmentations de salaires». Ce porte parole des travailleurs dénonce, en premier lieu, la non application par l'employeur de l'article 1er de la convention de branche stipulant qu'une augmentation des salaires variant de 13 à 20 % est octroyée aux travailleurs des entreprises rentables. «Ce qui est le cas de la câblerie de Biskra, laquelle en 2008 et 2009 a affiché, respectivement 920 et 960 MDA (millons) de bénéfices», expliquera notre interlocuteur. La dégradation des conditions de travail marquées par l'absence de cantine, l'interdiction de ramener de la nourriture dans les ateliers, la surcharge des tâches imparties à chaque travailleur ont été relevés par le responsable syndical. Mais aussi, le licenciement «inexpliqué» de 53 employés ayant 10 à 12 ans d'ancienneté, le gel depuis des année des promotions des travailleurs, le non-respect d'un avenant, pourtant avalisé par le gouvernement, relatif à l'indemnité de la «femme au foyer» et de la prime de «panier». à ce titre il ajoutera ceci : «La gestion des carrières des travailleurs est catastrophique. Nous demandons à l'Etat d'ouvrir une enquête sérieuse et nous aider à retrouver notre dignité. La situation est grave et le pourrissement n'est profitable à personne. Le syndicat ne répondra plus de rien si la direction persiste dans son entêtement à mépriser et à marginaliser les travailleurs pour la simple raison que le partenaire étranger ne reconnaît pas les accords conclus dans le cadre de la convention de branche.» Mohamed Benssassi, directeur des ressources humaines de la câblerie, représentant de la direction a, quant à lui, estimé que cette grève était « sauvage, illégale et infondée ». Rappelant qu'une réunion de réconciliation entre les représentants des travailleurs et la direction s'était tenue, en présence d'un représentant de l'inspection du travail, le 11 du mois en cours, à l'occasion de laquelle un terrain d'entente a été trouvé avec les délégués syndicaux, il se dit abasourdi par ce revirement soudain du partenaire social, qui «ne respecte pas ses engagements». Et de préciser: «la veille de cette grève, nous nous étions mis d'accord pour entamer un nouveau round de discussions au sujet des revendications salariales dont les conclusions devraient être soumises à l'approbation du propriétaire de l'usine, mais quelle ne fut pas notre surprise de voir les travailleurs refuser de rejoindre leurs postes de travail mercredi matin. Aucune des procédures légales régissant ce genre de mouvement n'a été respectée par ses initiateurs qui en répondront devant les tribunaux. Les travailleurs devront se soumettre à l'arbitrage des juges.» Le bras de fer engagé entre les 950 travailleurs de la câblerie et leur direction ne semble pas prêt de se terminer. La décision des tribunaux, saisis dès le premier jour du débrayage par les dirigeants de l'entreprise, est attendue impatiemment par les deux parties car chacune d'elles fait prévaloir son bon droit et espère un jugement en sa faveur.