La phase actuelle consiste à harmoniser chaque convention avec les spécificités de l'entreprise. L'augmentation des salaires rassassée tout au long de l'année 2006 est-elle un mirage? Les salariés, laissés jusqu'ici sur leur faim, commencent sérieusement à douter. Aucune des conventions de branche, signées lors de la 12ème tripartite de septembre dernier, n'est encore appliquée. Au fait, «il existe bel et bien une application, mais pas totale, car cela est lié au fait d'harmoniser chaque convention avec les spécificités de l'entreprise», précise Salah Djenouhat, chargé de l'organique au sein de la Centrale syndicale. Autrement dit, la convention de branche qui concerne un secteur d'activité devra être appliquée après son harmonisation avec chaque entreprise du même secteur. Cela dit, après un dialogue marathon entre les Sociétés de gestion des participations (SGP) et l'Ugta, il faudra s'attendre à une autre séance d'adaptation qui devra ajuster la convention sur les particularités de l'entreprise. Cette «phase d'adaptation» devra être parachevée durant le mois de mars. Cette période sera suivie, à en croire Salah Djenouhat, par une réunion d'évaluation sur l'application des conventions de branche. Pour rappel, au terme d'un feuilleton à l'égyptienne, il a été décidé que les salaires des travailleurs du secteur public connaîtront une augmentation réelle de 20 à 25% Quant aux salariés du secteur privé, ils bénéficieront d'une augmentation de 10 à 20%. Signée par le gouvernement, le patronat et l'Ugta, la mise en application de cette recommandation s'avère être laborieuse. Sidi-Saïd avait préféré, il y a de cela quelques jours, accorder un nouveau délai aux «traînards». Le chargé de l'organique, contacté par nos soins, a laissé entendre, hier, que certaines conventions sont encore en suspens, celle qui concerne le secteur du bois ainsi que la convention qui devait être signée avec la compagnie Air Algérie. A la fin du mois de décembre dernier, ces conventions de branche, ainsi que celle qui concerne les ports, ne sont pas encore paraphées. Une réunion est prévue lundi afin de relancer la SGP sur la convention concernant le secteur du bois. La situation est restée confuse. D'un côté, le patron de l'Ugta joue la carte du temps, tout en entretenant l'espoir d'une hausse salariale acquise. De l'autre, le ministre du Travail préfère renvoyer la balle dans le camp des syndicalistes, estimant que c'est à ces derniers que reviendra la mission de défendre les intérêts des travailleurs. Tayeb Louh a chargé, par ailleurs, les inspecteurs du travail de «veiller à l'application des conventions de branche». Une nouvelle tâche pour une inspection qui, peine déjà à accomplir sa mission initiale. Quand Tayeb Louh annonça un taux de 27% de salariés non déclarés à la Sécurité sociale, 78% autres employés du secteur privé sans couverture sociale, cela signifie que l'inspection du travail a bel et bien failli à son devoir. A qui la faute? Une chose est sûre, une faille se situe quelque part à l'échelle des responsabilités. Sidi-Saïd n'a cessé de reconnaître que l'application des conventions de branche nécessitera un véritable travail de fourmi, mais plutôt une corvée auprès des employeurs du secteur privé. Salah Djenouhat abondait dans le même sens. «Plusieurs entreprises privées n'ont pas encore lancé le processus d'augmentation». Processus, «parce que cette hausse interviendra d'une manière graduelle et en parallèle avec la décision de revoir à la hausse, à compter de janvier ou février 2007, d'un Snmg à 12.000 dinars», développe Salah Djenouhat. De l'application des conventions de branche découlera une augmentation salariale moyenne de 3500 à 4000 dinars. Une véritable bouffée d'oxygène pour le travailleur algérien, accroché dans l'espoir d'une hausse salariale renvoyée aux calendes grecques. Le salarié est mis sous perfusion d'une hausse qui devait intervenir début janvier. La phase d'adaptation des conventions tirera à sa fin le mois de mars et devra accoucher d'une réunion d'évaluation. S'agit-il de la fin réelle de ce feuilleton?