Nous avons d'énormes problèmes en matière de recrutement et de maintien en poste du personnel enseignant dans presque toutes les écoles primaires de Tamokra», atteste un responsable de l'inspection de l'éducation en charge de cette commune rurale. Notre interlocuteur fait état d'une dizaine d'instituteurs manquant à l'appel à l'occasion de cette rentrée des classes. «Les fonctionnaires affectés, des vacataires pour la plupart, prennent des arrêts de travail sitôt après avoir tâté le terrain», affirme-t-il en exhibant une pile de certificats médicaux. Le responsable nous dit être confronté à une situation «intenable» en raison de ce gros déficit qui perturbe le cursus scolaire des élèves. «Les enfants scolarisés au primaire de Boukerdous doivent, en sus, subir les nuisances liées au chantier d'aménagement d'une cantine scolaire qui a démarré au mois de septembre passé», souligne t-il. Des éducateurs exerçant dans cette région montagneuse nous signalent des écueils de même nature, à savoir la carence d'enseignants, au niveau du collège du chef-lieu communal. «Il y a au moins 4 postes de professeurs à pourvoir dans différentes disciplines pédagogiques. Pour le personnel administratif et les agents de service, le déficit est encore plus patent», nous dira Malek, exerçant au sein de ce collège. «D'ailleurs, ajoute-t-il, l'administration de l'établissement a été contrainte de fermer la demi pension pour la deuxième année consécutive». D'aucuns parmi le corps enseignant estiment que même avec une conscience professionnelle solidement chevillée au corps, il est pour le moins malaisé de tenir longtemps dans une contrée où les conditions de transport, d'hébergement et de restauration jurent avec l'exercice d'un métier sacerdotal. «Nous étions soumis à un douloureux dilemme : dépenser la moitié de notre argent dans le transport ou nous y établir en créchant dans des abris austères, avec souvent un crouton en guise de repas», témoigne Saïd, un instituteur qui a eu à officier à l'école du village Tizi Aidel.