De tous les coins de la wilaya de Témouchent, il n'est pas un internaute qui ne se plaigne de la difficulté d'accès à Internet depuis un bon trimestre. Les 3 500 par jour d'entre eux qui y accédaient, selon les chiffres d'un sondage réalisé cet été par la direction des P et T, qu'ils soient possesseurs d'un ordinateur personnel (15% des foyers) ou qu'ils utilisent les services des 35 cybercafés existant, tous font le même malheureux constat. Ainsi, si l'on arrive à établir la connexion, il n'est pas toujours évident d'obtenir un débit suffisant sur une durée raisonnable de façon à surfer à son aise sur le net. De la sorte, expliquent les internautes, il faut s'armer de patience et guetter une plage horaire favorable pour au moins accéder à sa messagerie électronique. « Il n'est possible de transmettre, dans ce cas, que du texte, pas d'image même réduite au maximum, car s'y escrimer c'est s'exposer en vain à recevoir une facture téléphonique d'un montant astronomique à la fin du bimestre ». Quant à travailler en intranet, cela est devenu de l'ordre de l'impossible. Cependant, lorsqu'il se rapproche d'Algérie Com, l'utilisateur est confondu par les techniciens qui, d'un coup d'œil à leur moniteur d'ordinateur, lui assurent, sur un ton qui n'accepte pas la contradiction, que sa ligne téléphonique est parfaitement bonne. Il aura alors beau insister pour rappeler, comme tout internaute le sait, qu'elle peut l'être pour la téléphonie mais pas d'un niveau suffisant pour l'Internet, il est obligé de s'en tenir à la réponse donnée. Ainsi, sans autre explication satisfaisante, d'aucuns n'ont pas hésité à relier le fait avec la disparition de l'unique provider privé qui activait aux côtés de Djaweb, le provider d'Algérie Com. En effet, IGT Net n'ayant pas honoré des créances détenues sur lui par Algérie Com, a fermé boutique, ce qui, par une curieuse coïncidence, s'est accompagné d'une brusque chute de la qualité de service de Djaweb. A cet égard, le fait est d'autant plus inopportun qu'à Aïn Témouchent les ventes de cartes d'abonnement au 15.23 de Djaweb sont plus importantes à Témouchent qu'à Oran, la grande voisine où pourtant l'internaute bénéficie de la possibilité d'accès au haut débit de l'ADSL. Bien mieux, malgré le succès fulgurant de la téléphonie mobile, il a été enregistré une continuelle augmentation du nombre d'abonnés au fixe. Ainsi, pour une capacité de 48 792 lignes, 32 003 sont en service. Mais ce qui est tout aussi remarquable, car c'est une condition nécessaire à l'introduction de l'ADSL, les 28 communes de la wilaya sont toutes reliées par fibre optique. Alors qu'attend-on ? Disposer d'un meilleur débit Le directeur de wilaya assure qu'il a fait le nécessaire pour activer les choses. Du côté des propriétaires des cybercafés, c'est plutôt le désenchantement. Après avoir perdu leur argent avec IGT Net, aucun d'eux ne veut d'une ligne spécialisée auprès de Djaweb de façon à disposer d'un meilleur débit. « D'abord, c'est trop cher comparé au chiffre d'affaire qu'on peut réaliser. Alors chacun se contente d'une ligne téléphonique comme tout internaute disposant d'un ordinateur à domicile ». Ce qui n'est pas dit, c'est que tant qu'aucun cyber ne s'est engagé dans l'usage d'une ligne spécialisée pour faire concurrence, personne ne veut se hasarder à une dépense dont le résultat est jugé aléatoire. Un de nos interlocuteurs explique : « C'est nous, les étudiants, qui pâtissons le plus dans l'affaire lorsqu'il s'agit de faire des recherches. Il n'y a que le cyber du CIAJ qui dispose d'une ligne spécialisée et donc d'un débit plus praticable. Et comme nous sommes nombreux, il ne peut suffire à la demande ». Un informaticien qui, de guerre lasse, s'est mis au chômage en fermant son cyber, affirme qu'il est impossible de réussir dans ce créneau parce que « ce n'est pas sérieux, pas sérieux du tout. Ailleurs, l'on est au haut débit avec 20 mégaoctets, vous vous imaginez ce qu'est ce niveau ? On peut télécharger des films ! Et cela revient à l'équivalent de 900 DA mois ! Chez nous, c'est hors de pris alors qu'il n'y a aucune raison pour que cela soit ainsi. Bien au contraire, les prix devraient même baisser avec l'ADSL. A Oran, le niveau de débit de celle-ci ne dépasse pas 256 kbits alors qu'il devrait au minimum être de 2 méga octets comparé aux 20 mégaoctets en Europe ». Contredit sur la preuve de manque de sérieux évoqué, son argument ne le démontant pas, notre interlocuteur ajoute : « Ce qui me fait dire qu'on n'est pas sérieux, c'est qu'on présente ce qui va advenir avec l'ADSL comme une avancée appréciable par le biais du projet Oustratic. En effet, on annonce un débit de 512 kbits/s alors que l'unité de mesure universelle c'est le kilo octet, le bit étant le plus insignifiant étalon dans le système binaire. En fait, c'est une manière d'impressionner le profane par le gonflement artificiel de l'importance des chiffres. De la sorte, les 512 kbits ne font que 64 koctets. Alors faites le calcul pour en juger de l'insignifiance en terme de mégaoctets ».