Le jour de paie des fonctionnaires et de virement des pensions, c'est la ruée vers le guichet unique d'un bureau de poste vétuste. A Chebli, ce sont des chaînes interminables bien avant l'ouverture des portes de l'unique poste de la commune. Ensuite, c'est la cohue générale, la ruée vers le seul guichet qui assure le paiement. Pendant des heures, c'est un brouhaha indescriptible, des disputes sans motif et une attente sans fin. L'ordinateur de service tombe souvent en panne, «à cause de la surcharge ou de la vétusté du matériel», nous dit-on sur place. Devant une pareille situation, le plus souvent, les usagers se dirigent, contre leur gré, vers d'autres bureaux de poste à Chebel ou Birtouta, d'autres préfèrent attendre «le retour de la connexion». A Chebli, il n'y a que deux ordinateurs pour une population de 30 000 habitants, alors que le bureau de poste a besoin d'extension pour répondre aux besoins du nombre toujours croissant d'usagers qui sollicitent ses prestations. Restons toujours au niveau de la poste pour relever un phénomène rare qui surprend le visiteur non averti : des gens se présentent, à longueur de journée, au guichet pour demander leur courrier. Ils peuvent aussi prendre les lettres de leurs voisins, de leurs parents ou de leurs connaissances, faisant ainsi fi des règles les plus élémentaires de la confidentialité de la poste. Questionné, l'agent de service nous répond que les facteurs, dont le nombre est insuffisant, travaillent dans des conditions difficiles avec un matériel dépassé. Ils sont obligés parfois de parcourir plusieurs kilomètres en auto-stop. Ils sont trois, dont un contractuel qui termine son travail à midi, à distribuer le courrier dans une ville où foisonnent les fermes et les douars. Le receveur nous confie : «Ce bureau de poste mérite beaucoup d'attention de la part de la tutelle. Rien n'a changé à notre niveau depuis des années, alors que la population a presque doublé durant cette dernière décennie ! Pour que le service se fasse normalement, nous avons besoin de plus d'agents qualifiés, de matériel roulant et informatique neuf et d'aménagement des locaux.» Profitant de notre présence, un citoyen nous interpelle : «Nous demandons l'installation d'un distributeur de billets de banque, il réglera pas mal de problèmes. Au moins, nous ne serons pas obligés de nous déplacer chaque fois que l'ordinateur tombe en panne !» Les habitants de Chebli et les fonctionnaires de ce service sont conscients des problèmes qu'ils endurent et demandent aux autorités concernées de se pencher sur leur cas : l'extension de la poste, sa dotation en matériel roulant et informatique performant et le renforcement de son personnel, cela réconcilierait les Cheblaouis avec leur poste.