Le même scénario catastrophe se répète chaque année comme une fatalité sans que cela suscite la moindre réaction appropriée auprès des services publics. Alger, à chaque averse, se transforme en un répugnant étang, où eaux de pluie et eaux usées se lovent, plantant ainsi le parfait décor de la ville livrée à elle-même. Chaque quartier voit l'inondation... à sa porte et tous les services se retrouvent débordés par le phénomène et se désignent mutuellement du doigt pour échapper à toute responsabilité. Les dommages observés ici et là témoignent de la désolation et du laisser-aller que les autorités de wilaya semblent adopter, à donner le tournis au citoyen, noyé avant l'heure dans la fange et l'imbroglio des services censés intervenir et gérer en temps réel ce type de situation. Les intervenants sont nombreux sur le réseau, ce qui n'est pas sans causer davantage d'entorses au bon... écoulement des eaux. La direction des travaux publics qui pèche, selon certains responsables, par le non-respect des « normes internationales » en matière de construction d'ouvrages de captage et de drainage des eaux de pluie. Ces ouvrages, avaloirs et grilles et autres, ne seraient pas adaptés, selon la même source, et seraient posés d'une manière aléatoire sans soucis de respect de la distance convenue. Des cas de vol et de dégradation sont en outre signalés. Asrout, l'entreprise dont la mission est l'assainissement des routes, accuse elle aussi une longueur de retard en matière d'efficacité. Bien qu'elle s'est bien essayée à la vente de son image lorsqu'elle prétend s'être attelée, le 20 septembre passé, avec d'autres structures de la wilaya à une « grande opération » de nettoiement du réseau, long de quelque 700 km, il n'en demeure pas qu'à la première ondée, le résultat se fait un cinglant démenti et ne restent de la prétendue « cure » que les chiffres livrés. D'autres organismes, dont la responsabilité est pourtant assez engagée, maintiennent le flou sur la délimitation des prérogatives et essuient gentiment le couteau sur le dos d'autres structures. L'Office national d'assainissement, officiellement chargé de la gestion, l'exploitation et la maintenance des systèmes d'assainissement, se fond à ce titre dans d'autres explications encore plus édifiante mais peu convaincantes pour les habitants de la capitale, éprouvés déjà par les inondations du 10 novembre 2001 et marqués par le traumatisme qu'elles avaient légué. Les justifications avancées par un responsable de cet office sont, entre autres, le manque d'ouvrages de captage des eaux de pluie (avaloirs, grilles...) ; le mauvais état ou l'absence sèche de système de drainage, ainsi que l'état lamentable des routes et des voiries. Le même responsable, tout en insistant sur le fait que l'ONA ne s'occupe que de la gestion des grands collecteurs, ne manque pas de clouer au pilori la DTP, l'Epic Asrout, les APC et autre Netcom, responsables eux aussi de cette submersion. Asrout que nous avons tentée de joindre est inscrite, elle, aux abonnés absents. Un dispositif d'alerte a été mis en place par l'organisme en question, de concert avec l'Office de météorologie, c'est du moins ce qui nous été affirmé, reste que celui ci n'a pas fonctionné avant-hier car, nous révèle-t-il, aucun bulletin d'alerte n'a été émis par l'ONM. Au rythme où les choses vont, il est du droit de chacun de se demander de quoi l'hiver sera fait !