Quatre cent cinquante étudiants en chirurgie dentaire, affectés au CHU Mustapha Pacha, ont déclenché, depuis samedi, une grève de cours illimitée. Inscrits en 3e et 4e années, les grévistes s'élèvent contre le manque « flagrant » de moyens matériels, ce qui hypothèque sérieusement, scandent-ils, leur cursus universitaire. « Nous manquons pratiquement de tout, de la plus banale résine, en passant par l'anesthésiant ou d'autres produits indispensables à nos séances de pratique. Hormis les produits consommables, les appareillages, tel que l'incontournable fauteuil, sont obsolètes. Nous utilisons des fauteuils carrément usagés, datant des années 1970 », relèvent-ils. Précisant que la grève a été décidée « après épuisement de toutes les voies de recours », les contestataires ajoutent : « Nous avons déjà soumis à qui de droit cette dramatique situation, l'année dernière, sans pour autant envisager le débrayage. Ceci parce que nous étions à trois mois de la fin de l'année et que des promesses quant à une solution définitive à nos doléances nous furent formellement faites. » De par le statut de « 3e et 4e années », ces futurs dentistes, outre la latitude de prendre en charge des patients ordinaires, sont tenus de suivre « de près » 3 malades pour les besoins du module « Prothèse dentaire ». « Ce module est très important pour notre formation. Nous devons agir en tant que vrai praticien, ce qui suppose une disponibilité de moyens. Malheureusement, les composants faisant défaut, nous sommes contraints de nous débrouiller, c'est-à-dire les acheter avec notre propre argent dans le circuit commercial. Nous devons déboursons 3000 DA pour un seul malade, soit 9000 DA pour les 3 patients. Ceci sans compter d'autres aléas comme le recours à la chignole, au lieu et place du tour, pour pouvoir tailler la prothèse », soulignent-ils. Contacté, le professeur Boudraa, directeur du département Chirurgie dentaire à la Faculté de médecine d'Alger, chef de service au CHU Mustapha Pacha et « tutelle » pédagogique des étudiants grévistes, estime que les doléances de « ses enfants-étudiants » sont « légitimes ». « Nous travaillons dans des conditions lamentables. Le plus basique des produits n'est malheureusement pas disponible et un rapport détaillé a été transmis à mon supérieur hiérarchique, notamment le doyen de la Faculté de médecine d'Alger, le professeur Arada. Celui-ci ne ménage aucun effort pour que tout rentre dans l'ordre et définitivement dans une semaine au maximum », assure-t-il. Et d'ajouter que « la balle est aussi dans le camp de la direction générale du CHU Mustapha Pacha ». « Nous interpellons la direction de l'hôpital de mettre du sien, car il ne faut pas oublier que nos étudiants rendent un immense service à la structure hospitalière, en prenant en charge les citoyens. » Cependant, les grévistes, corroborant les propos de leur professeur, reconnaissent que les cours théoriques n'ont rien à envier aux standards européens.