La Banque d'Algérie va introduire de nouvelles règles capables de canaliser l'épargne vers le financement de l'économie. La Banque d'Algérie envisage de réglementer davantage le marché monétaire. Il s'agit plus précisément d'introduire «de nouvelles règles de gestion des risques de liquidités», dira le gouverneur de la plus haute autorité monétaire du pays, qui exposait hier, dans les locaux de son institution, l'évolution des agrégats monétaires de l'Algérie et les résultats arrêtés, à fin juin 2010, comparés à la même période de l'année écoulée. «Une nouvelle réglementation est en préparation au niveau de la Banque d'Algérie pour introduire de nouvelles règles de gestion des risques de liquidités bancaires. Cette réglementation sera soumise sous peu à l'appréciation du Conseil de la monnaie et du crédit», révèle Mohamed Laksaci entouré de tous les dirigeants des banques et établissements financiers activant sur la place financière algérienne. La finalité première étant «d'éviter une crise de liquidités». En valeur, le niveau de liquidités bancaires en Algérie a atteint 1100 milliards de dinars à la fin juin de l'année en cours, soit le même niveau enregistré à la fin 2009. Selon Mohamed Laksaci, ce niveau témoigne d'une situation marquée par un excès de liquidités au niveau des banques, alors que l'économie souffre d'un manque flagrant de financement. En d'autres termes, le patron des banquiers explique, à titre d'exemple, que «la récente crise financière internationale est apparue d'abord en 2007 sous forme d'une crise de liquidités. Cependant, en Algérie, c'est l'inverse». C'est-à-dire que «l'excès de liquidités n'est pas un phénomène isolé, mais exprime surtout un excès d'épargne par rapport à l'investissement». Et son institution entend bien venir à bout de ce phénomène en introduisant de nouvelles règles capables de canaliser l'épargne vers le financement de l'économie. Le comité de stabilité financière qui siège à la Banque d'Algérie aura, lui aussi, du pain sur la planche à l'avenir, puisqu'il est appelé, d'après M. Laksaci, à se réunir afin d'examiner les 11 indicateurs de solidité financière traditionnellement connus. Fragilité face aux chocs externes Quatre nouveaux indicateurs devront être introduits également. L'appréciation de l'évolution des agrégats financiers ainsi que les prévisions macro-financières devront tenir compte à l'avenir de deux nouvelles variables ; «l'excès de liquidités structurelles et l'amélioration des crédits à l'économie pour sa diversification», explique le gouverneur de la Banque d'Algérie. Les dépôts au niveau des banques enregistrent un accroissement de 4,9% durant le premier semestre 2010, alors que la monnaie fiduciaire connaît une évolution de 6,87%. La Banque d'Algérie intervient déjà sur le marché monétaire afin de reprendre les liquidités qui commençaient à être importantes, notamment depuis 2002. Les banques, elles, procèdent à des placements en dépôts rémunérés, lesquels ont atteint 829 milliards de dinars à fin juin. Ces nouvelles règles attendues sur la place financière algérienne tendent à asseoir une gestion capable de mieux affecter les liquidités vers les circuits économiques, en vue de diversifier l'offre de l'économie nationale. Le gouverneur de la Banque d'Algérie reconnaît sur sa lancée : «Nous restons fragiles face aux chocs externes, car notre dépendance des hydrocarbures est toujours là.» S'il est vrai que les crédits alloués à l'économie ont progressé de 10,3% durant les six premiers mois de l'année en cours, selon les chiffres de M. Laksaci, le secteur public se taille la part du lion au détriment de l'entreprise privée. Une situation soulevée par le patronat privé et confirmée par le responsable de la Banque d'Algérie qui a admis, hier, que «les crédits à l'économie ont bénéficié beaucoup plus au secteur public». Effleurant le chapitre des finances publiques, M. Laksaci a indiqué que les recettes du pays ont progressé de 14,6% au premier semestre 2010, tandis que les dépenses ont connu une hausse de 4,5%, faisant ressortir «un solde budgétaire en équilibre». Les réserves du Trésor ont atteint 292,3 milliards de dinars au titre des dépôts auprès de la Banque d'Algérie, alors que les réserves de change officielles de l'Algérie ont atteint 146,2 milliards de dollars à fin juin 2010 et 1,5 milliard d'avoirs en DTS. Le niveau de la dette extérieure s'établit à 3,7 milliards de dollars à la même période de référence. Le commerce extérieur est marqué par une hausse de 1,65% des exportations pétrolières et une légère baisse des importations évaluée à 1,5%.