La Banque d'Algérie (BA) va être dotée de nouveaux mécanismes, qui lui permettront de déceler de potentielles vulnérabilités ou des seuils de sécurité critiques au sein des organismes bancaires et institutions assimilées, a annoncé, dimanche dernier, M. Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie. La BA devrait, à l'avenir, anticiper "toute vulnérabilité au sein des banques'', a-t-il souligné au siège de la BA, lors d'une rencontre avec les directeurs de banques. La nouvelle ordonnance relative à la monnaie et au crédit adoptée en octobre, qui contient ces nouveaux mécanismes, "renforce l'ancrage légal de la stabilité financière du pays en élargissant les prérogatives de la BA afin qu'elle puisse lancer tout type d'investigation au niveau des banques", a-t-il indiqué à l'ouverture de la réunion des P-DG de banques. Cette réforme des instruments de gestion prudentielle des banques "est le point le plus important" de cette ordonnance, a-t-il dit. Selon M. Laksaci, le renforcement de la surveillance des systèmes de paiement, la mise en place, durant le premier semestre 2011, d'un système de notation des banques, ainsi que la mise en œuvre de la nouvelle centrale des risques, permettront parallèlement de mieux gérer les risques bancaires. Les prérogatives du Conseil de la monnaie et du crédit seront, par ailleurs, "élargies à de nouveaux produits d'épargne et de crédits", a-t-il ajouté, notant que ce conseil est désormais responsable du respect des règles de bonne conduite du secteur, préalablement déléguées à l'Association des banques et établissements financiers (Abef). Le gouverneur de la Banque d'Algérie a, en outre, annoncé la préparation en cours d'une nouvelle réglementation de gestion des risques de liquidité bancaire, qui devra être soumise au même conseil avant la fin de l'année. Cette réglementation "sera en phase avec les nouvelles normes fixées par le comité de Bâle en matière des règles de supervision", a précisé M. Laksaci. Selon lui, la liquidité bancaire en Algérie a atteint 1.100 milliards de DA à fin juin 2010, soit le même niveau enregistré à la fin 2009. Ce niveau reflète "un système bancaire en excès de liquidités". "La crise financière internationale est apparue d'abord en 2007 sous forme d'une crise de liquidités. Chez nous c'est l'inverse", a-t-il dit, en expliquant que "l'excès de liquidité n'est pas un phénomène isolé mais exprime surtout un excès d'épargne par rapport à l'investissement". M. Laksaci a également avancé que le "comité de stabilité financière", mis en place au sein de la BA depuis deux ans, "va, à court terme, revoir les 11 indicateurs de solidité financière pour leur ajouter quatre nouveaux indicateurs". Ce comité "se penchera davantage sur une approche macro-financière qui tient compte au moins de deux nouvelles variables que sont l'excès de liquidité structurelle et la nécessité d'améliorer et d'augmenter l'allocation des crédits à l'économie", a-t-il encore précisé. 146.23 milliards de réserves de change officielles Au cours du semestre écoulé, les réserves du Trésor ont atteint 292,3 milliards de DA au titre des dépôts auprès de la Banque d'Algérie, ce qui a permis, selon lui, de réduire son déficit à 61,6 milliards de DA contre 228,7 milliards de DA au premier semestre 2009. Les réserves de change officielles de l'Algérie ont atteint 146,23 milliards de dollars à fin juin 2010 alors que la dette extérieure a été évaluée à 4 milliards de dollars. La balance des paiements a enregistré un solde positif de 7,1 milliards de dollars à la faveur de l'accroissement des exportations d'hydrocarbures. En revanche, les importations ont accusé une baisse de 1,5%. S'agissant de la situation monétaire, le responsable de la Banque d'Algérie a indiqué que le flux des dépôts dans les banques, en dehors de la BA, est estimé à 180 milliards de DA dont 88 milliards de DA appartiennent à Sonatrach. Les crédits bancaires accordés jusqu'à fin juin dernier ont augmenté de 9,35%. Cette hausse est due au rachat des "créances douteuses" des banques par le Trésor pour un montant de 208,5 milliards de DA.