Alors que le Premier ministre tentait tant bien que mal de minimiser, à l'APN, l'impact de l'article 49-51% introduit par la loi de finances 2009, lié aux investissements directs étrangers (IDE), la mission du FMI, qui séjournait depuis un mois à Alger, vient d'établir un constat de couleur grisâtre sur l'évolution des IDE en Algérie depuis l'introduction de la fameuse loi du 49-51%. Les investissements directs étrangers «ont chuté de 60% durant l'année écoulée» des suites de cette nouvelle réglementation, constate le Fonds monétaire international. «Il est vrai que cette baisse intervient dans un contexte mondial de crise, marqué par le recul des IDE à travers le monde en 2009, mais il faut reconnaître tout de même que ces nouvelles mesures introduites par le gouvernement algérien ont eu un impact négatif sur le comportement des investisseurs étrangers. Il y a toujours une inquiétude qui plane», explique le chef de la délégation du FMI à Alger, Joel Toujas-Bernaté, lors d'un point de presse, tenu jeudi dernier à Alger. En chiffres, la valeur des projets d'investissements étrangers recensée en 2009 s'est établie à 258 millions de dollars, d'après le FMI. La mission du FMI à Alger a noté l'absence de rebond en Algérie, même si d'autres pays enregistrent un regain important du flux des IDE au lendemain de la crise. Sans l'ombre d'un doute, le chiffre avancé par le chef de la délégation du FMI est trop loin de celui donné par Ahmed Ouyahia, lors de sa déclaration de politique générale du gouvernement à l'APN. Le Premier ministre a indiqué que la valeur des IDE était de 1,6 milliard de dollars durant l'année 2009. M. Ouyahia a tenté de minimiser l'impact de la nouvelle réglementation de son Exécutif sur les investissements directs étrangers qui, le moins qu'on puisse dire, semble être plus dévastatrice que prévu, si l'on se réfère aux chiffres du FMI. La tendance tourne donc à l'inquiétude dans les milieux d'affaires étrangers. Alors que le Premier ministre n'hésite pas à inclure dans son calcul les volumes de capitaux importés par les banques étrangères activant en Algérie afin de pouvoir augmenter leur capital social, le FMI vient de corriger ses chiffres en maintenant la même tendance pour 2010. Depuis le début de l'année en cours, la valeur des IDE s'établissait jusqu'ici à seulement 271 millions de dollars, soit une infime hausse, estimée à 5% par rapport à 2009. Taux de chômage élevé, productivité inférieure à 0% Ainsi, contrairement à la satisfaction affichée par le gouvernement, le FMI vient de confirmer que la loi dite 49-51% a provoqué une espèce de décroissance sèche des investissements étrangers en Algérie. D'après des statistiques émanant de l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI), de 102 projets déclarés par des étrangers en 2008, le volume est passé à seulement 4 projets d'IDE recensés à la fin de l'année écoulée. «L'Algérie est contrainte d'améliorer son environnement des affaires. Les IDE peuvent contribuer à la diversification de l'économie. Le défi actuel pour l'Algérie est celui de permettre aux investisseurs étrangers de trouver des partenaires fiables et importants afin des tisser les partenariats escomptés. Car le secteur privé reste faible et fragmenté, au moment où les investisseurs étrangers continuent d'afficher une réticence grandissante à s'allier avec des entreprises du secteur public», détaille Joel Toujas-Bernaté. Les experts, à l'instar de Abdelhak Lamiri, économiste et PDG d'Insim, estiment aussi que la mesure concernant les participations majoritaires de l'Etat et/ou d'un partenaire national (51-49%) dans les IDE dans lesquels il offre des avantages comparatifs, à titre d'exemple, «n'aurait pas dû être incluse dans les dispositions de la LFC 2009», car le plus important est d'avoir un budget devises positif. Pour ainsi dire la raréfaction des projets d'investissements étrangers en Algérie durant l'année écoulée ne peut être donc justifiée par le recul des IDE à travers le monde. Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI, a indiqué lors d'un point de presse, animé la semaine dernière à Alger, que son institution «s'inscrit résolument contre toute forme de protectionnisme» et préfère qualifier ce genre de mesures de «poussées de fièvre constatées çà et là». Cependant, l'institution de Bretton Woods soutient la révision apportée récemment à la loi sur la monnaie et le crédit qui, d'après le chef de la mission du FMI, n'est de nature qu'à renforcer le contrôle de la Banque d'Algérie sur les transactions financières. Autres défis auxquels est confronté le pays, «réduire le taux de chômage chez les jeunes» qui, d'après le FMI, «oscille entre 22 et 24%». «Malgré des progrès importants, le défi principal pour l'économie algérienne demeure créer suffisamment d'emplois pour les nouvelles générations en s'appuyant sur une diversification de l'activité économique», a indiqué, jeudi, Joel Toujas-Bernaté, entouré des autres membres de sa délégation. Selon lui, l'Algérie est tenue également d'approfondir les réformes structurelles afin de diversifier son économie et créer un secteur bancaire performant en vue de soutenir l'économie. Le FMI prévoit une croissance hors hydrocarbures d'environ 5% pour l'Algérie en 2010, tandis que le PIB global devrait augmenter de 3,3%. Les réserves de change de l'Algérie ont atteint les 157 milliards de dollars à fin septembre dernier. D'après les estimations du FMI, «malgré la hausse des recettes des hydrocarbures, la position budgétaire restera déficitaire en raison d'une augmentation des dépenses publiques. Cependant, le déficit budgétaire se réduira en 2010 à 4% du PIB, contre un déficit de 6,8 du PIB en 2009». En 2011, le taux de croissance global prévu pour l'Algérie devrait se situer à 3,7%. Autre défi : l'Algérie devrait asseoir, d'après le FMI, une stratégie efficiente afin de mieux gérer les recettes stockées, dont le volume représente 40% du PIB. La productivité par tête en Algérie continue à être inférieure à 0%, une baisse qu'enregistre l'Algérie depuis une vingtaine d'années, d'après le rapport du FMI.