Décidément, il y a un os, et celui-ci semble de taille, puisque les femmes qui doivent accoucher, faute d'un gynécologue à l'hôpital Mohamed Boudiaf, sont dirigées vers l'hôpital de Sour El Ghozlane qui, lui, pour être lié par une convention, à deux spécialistes n'est pas pour autant logé à la même enseigne. Qu'on en juge d'après la mésaventure de cette jeune femme allant accoucher. A 3 h, le mari et le beau-frère l'accompagnent à la maternité de Bouira. Mais, selon eux, la sage-femme refuse de l'admettre sous prétexte qu'en cas de complication, elle ne saurait y faire face. Il semble que le décès récent d'un nouveau-né à l'hôpital a rendu plus prudentes les sages-femmes. Faute d'une intervention rapide et experte ce jour-là, le bébé est mort et la jeune mère n'a pu être sauvée que grâce à la césarienne pratiquée bénévolement par un chirurgien en congé. « Si vous voulez la laisser, moi je me décharge de toute responsabilité », dira la sage-femme aux accompagnateurs. Hasard ? Le beau-frère croise dans le couloir une généraliste qui consent à faire une lettre au confrère spécialiste de Sour El Ghozlane et la jeune femme est transférée vers 4 h à l'hôpital de cette ville. Là, l'accoucheuse tient à peu près les mêmes propos en refusant d'admettre la future maman. Le surveillant informé met au courant le médecin de garde qui recommande d'aller chercher le gynécologue conventionné. Les deux hommes - le mari et le beau-frère - vont l'attendre devant son cabinet. Le praticien refuse de les suivre, car la veille il avait assuré la garde à l'hôpital. Retour infructueux à l'hôpital puis de là vers Bouira. Finalement, le médecin de maternité de l'hôpital Mohamed Boudiaf consent à admettre la jeune femme, à condition qu'on lui fasse des radios chez une gynécologue privée. Ce qui a été fait. « Il faut être sur place pour se rendre compte de la situation », nous dira le mari. « Beaucoup de femmes qui se présentent à la maternité de Bouira sont refoulées sous prétexte qu'il n'y a pas de gynécologue et que leur cas pourrait poser problème », ajoute-t-il.