L'affaire remonte à mars 1997. Une citoyenne de Bouira rejoint la polyclinique de l'hôpital Mohamed-Boudiaf pour un accouchement. Elle est enceinte de jumeaux. Les choses tournent mal et les deux nouveau-nés décèdent. Le père, aujourd'hui disparu, décide d'ester le gynécologue en justice pour non-assistance à personne en danger et homicide involontaire contre l'hôpital Mohamed-Boudiaf. Mardi, lors de son audience en appel, 3 sages-femmes, le docteur spécialiste et l'inspecteur de l'hôpital ont comparu en tant qu'accusés. Pendant des heures, on cherchera la responsabilité des personnes accusées. Ni les expertises ni l'autopsie n'incrimineront ces derniers. «Les jumeaux étaient porteurs de malformations congénitales et n'avaient aucune chance de survivre», dira la défense qui argumentera son point de vue et présentera un rapport du médecin légiste désigné. Le médecin spécialiste, poursuivi pour non-assistance à personne en danger, affirmera qu'aucune convention ne le liait à l'hôpital même si durant des années il a répondu présent à toutes les sollicitations, gratuitement. La nuit du drame, en voulant assister une autre malade, il sera renvoyé comme un vulgaire indésirable par le spécialiste de permanence qui instruira publiquement les paramédicaux de ne pas assister ce gynécologue. A 7 heures, on envoie une ambulance pour le ramener. Il refuse conformément à la législation qui interdit tout acte médical sur une personne étrangère à l'hôpital, mais aussi parce qu'il était touché dans son amour-propre. Son avocat ira jusqu'à se demander pourquoi solliciter les compétences de son client alors que le spécialiste, à l'origine du refus d'accès à l'hôpital est qualifié en la matière.«Pourquoi ce docteur n'est-il pas présent aujourd'hui à l'audience?», s'interrogera Me Haddadi. La patiente constituée en partie civile, qui demandera un million de dinars de dédommagements, reconnaîtra devant la justice que le médecin incriminé la soignera plus tard quand elle accouchera d'un enfant. Cette affaire a profité aux détracteurs du secteur public, mais a été saisie par un cercle occulte pour tenter de discréditer le médecin en recourant à des graffitis nominatifs aux alentours de la mosquée Ben Badis où ce gynécologue est traité de tous les maux. La cour rendra son verdict dans un mois pour mettre un terme aux racontars.