Un «large consensus» parmi les nations pour contenir les déséquilibres excessifs des comptes courants, qui menacent la reprise économique mondiale, serait obtenu sans limitation chiffrée. L e secrétaire d'Etat américain au Trésor, Timothy Geithner, ne proposerait aucun objectif chiffré de limitation des déséquilibres des comptes courants au sommet du G20, une idée à laquelle s'opposent la Chine et l'Allemagne. Auparavant, il avait suggéré de limiter à 4% du produit intérieur brut (PIB) les excédents ou déficits de la balance des comptes courants des pays riches et émergents du G20, qui se retrouvent en sommet les 11 et 12 novembre à Séoul. Dans ce sens, il soutient que «ce n'est pas quelque chose que vous pouvez réduire facilement à un simple chiffre», à l'issue d'une réunion des ministres des Finances des pays du Forum économique Asie-Pacifique (Apec) à Kyoto (Japon) en ajoutant que «ce n'est pas souhaitable, pas nécessaire et c'est improbable pour l'instant». Les représentants des 21 pays de l'Apec, parmi lesquels figurent les trois premières puissances économiques mondiales (Etats-Unis, Chine et Japon), se sont réunis à Kyoto (Japon). Ils ont affirmé dans un communiqué commun qu'ils tenteraient «de réduire les déséquilibres excessifs et de maintenir les déséquilibres des comptes courants à des niveaux soutenables». Présent à Kyoto, M. Geithner a assuré voir «un consensus général» pour éviter «la résurgence des déséquilibres commerciaux» qui pourraient «menacer la stabilité financière». Le risque d'une bulle financière plane Le communiqué de l'Apec met en garde contre un «volume important» de capitaux affluant dans les pays émergents d'Asie qui pourrait provoquer la naissance de bulles financières. Pour rappel, la banque centrale américaine (FED) a décidé d'injecter 600 milliards de dollars dans le circuit financier pour soutenir la reprise. Provoqué par la faiblesse des taux d'intérêt dans les pays développés et par la confiance des investisseurs en l'Asie, ce flux a déjà provoqué une montée de 10 à 15% de la valeur des monnaies de la région par rapport à leur niveau d'avant la crise financière, selon la Banque mondiale. En outre, les représentants de l'Apec se sont engagés à «éviter les dévaluations compétitives des monnaies», alors que le risque d'une «guerre des devises» plane sur l'économie mondiale, reprenant ainsi les termes du communiqué adopté par les ministres des Finances et banquiers centraux des pays du G20 le 23 octobre. La Chine et l'Allemagne s'allient contre les Etats-Unis La Chine, principale puissance exportatrice, a déjà rejeté la proposition de M. Geithner qui doit être abordée lors du sommet du G20. Les dix pays de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), de leur côté, craignent que cette mesure n'encourage le protectionnisme. Instaurée, cette réforme permettrait aux Etats-Unis d'obtenir indirectement de la Chine qu'elle laisse s'apprécier sa monnaie, afin de rendre ses exportations légèrement moins compétitives et limiter son excédent courant sous le plafond fixé. Les Américains veulent à tout prix que le yuan, monnaie chinoise, soir réévalué car, estiment-ils, «sa valeur trop faible confère au pays un avantage indu dans la compétition économique internationale». La Chine, pour sa part, accuse les Etats-Unis de distordre le marché des changes via une politique monétaire par trop complaisante. Selon Xia Bin, conseiller de la banque centrale de Chine, la politique de relance américaine provoquera une nouvelle crise économique mondiale si elle est imitée par d'autres pays. «A cause de l'abus d'émission de monnaie de la part des Etats-Unis, un montant énorme de capitaux va probablement se diriger vers les économies émergentes», a-t-il prédit. La crainte du gouvernement chinois est que ces capitaux spéculatifs alimentent l'inflation, qui a atteint en septembre son plus haut niveau en deux ans. Pour M. Xia, les pays émergents doivent trouver des moyens d'empêcher le flux d'argent spéculatif d'avoir un impact sur l'économie. Cet économiste avertira : «Si les grandes monnaies mondiales sont émises sans restriction, comme le dollar américain, l'avènement d'une autre crise est inévitable». Pour sa part l'Allemagne, par la voix de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a accusé aussi les Etats-Unis de causer des problèmes à l'économie mondiale en inondant leur marché d'argent liquide. L'injection d'argent frais annoncée par la Fed a provoqué une chute du dollar par rapport à l'euro et à d'autres devises, renforçant les craintes d'une «guerre des monnaies» que les dirigeants des pays riches et émergents du G20 s'efforceront de dissiper lors du sommet de Séoul. La vigoureuse économie allemande, nourrie essentiellement par les exportations, pourrait pâtir d'un dollar américain à la baisse qui rendrait les produits européens moins concurrentiels. La France veut obtenir le soutien de Pékin La France, de son côté, tente de ramener la Chine à de meilleurs sentiments pour rejoindre le sommet du G20 et la soutenir ainsi dans sa présidence effective dans moins de 15 jours. Ce pays européen estime qu'«il y a une vraie convergence de vues» entre les deux pays concernant la réforme du système monétaire international (SMI). La France veut éviter que le sommet du G20 se transforme en bataille entre le géant asiatique (Chine) et le gendarme du monde (USA).