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« Les mœurs sont adoucies par la lecture... »
Sadek El Kebir. Conteur et initiateur du projet La Caravane du livre
Publié dans El Watan le 12 - 11 - 2005

Le conteur charismatique Sadel El Kebir vient d'initier un projet, la caravane du livre. Il en parle avec passion.
La caravane du livre est un projet très prometteur...
C'est un projet qui va durer au moins une dizaine d'années, mais on commence par le commencement, tout doucement et sûrement. J'espère que ce sera un exemple pour beaucoup de mouvements. Parce qu'on a tenté d'organiser beaucoup de choses mais ça allait trop vite, le politique prenait le dessus sur l'organisation. Nous n'avons pas de vrais festivals, c'est une honte pour notre pays. Il est urgent de donner au livre de la place dans la maison et dans le cœur. Idem pour le sport, ce n'est pas un hasard que nous n'ayons pas de grandes formations. Cela dit, je suis très content que la Bibliothèque nationale joue son rôle.
Comment est répartie la charge de cette opération ?
Le gros est soutenu par la Bibliothèque nationale, qui en est la locomotive. Elle met à notre disposition deux bibliobus et le personnel qui va avec. On est en contact avec la fondation Anna Lindh, l'Institut Gœuth, le Centre culturel français à Alger et le ministère de la Jeunesse dont j'attends une réponse. Plusieurs journaux ont adhéré à ce projet et d'autres devraient suivre. Et il y a des sociétés privées et publiques qui pourraient bien faire partie du projet aussi.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en organisant cette caravane ?
Cela fait trois ans que je suis de retour en Algérie, même si ce n'est pas en permanence et je ne rencontre que des difficultés. Mais j'ai de la patience. J'ai commencé par le film sur les filles de Hassi Messaoud, qui est toujours censuré. J'ai enregistré 12 numéros de contes avec des enfants, mais l'ENTV ne se décide pas à les programmer. Cela fait une année que j'attends une réponse. Je ne sais pas pourquoi on prive les enfants de mes contes, d'autant que je m'adresse aujourd'hui aux enfants des enfants auxquels je m'adressais au début des années 1980. Les difficultés sont là, mais ce n'est pas ce qui me dérange. Ce que je fais est de bonne qualité, c'est une question de temps. Les gens commencent à peine à comprendre que la lecture est extrêmement importante. Voilà, les difficultés vont venir mais je les contournerais, je les sauterais, je les passerais sous l'eau, je trouverais toujours un moyen de retomber sur mes pattes.
Vous pensez réellement qu'à votre niveau, vous pourrez changer les choses ?
Si je ne crois pas à ce que je fais, ce serait grave. Nous sommes dans une phase très importante. Vous savez qu'en l'espace d'une génération, on peut changer le pays, en 10 ans, on peut construire un pays. Les jeunes constituent la majorité, et si nous ne leur donnons pas les armes aujourd'hui par la lecture, qu'adviendra-t-il d'eux ? Mais en même temps, la lecture marche avec le sport. Les parents qui font du sport, leurs enfants en font aussi, idem pour la lecture. Le sport est important, je conseillerais à tous nos hauts responsables et à tout le monde d'en faire. Un corps sain dans un esprit sain, ce n'est pas du gratuit. Et il y a une chose importante pour l'enfant qui va devenir un adulte, c'est comme la nature, la nature a horreur du vide. Un jeune qui n'a pas de projet c'est terrible. Le luxe c'est l'amour de l'autre, le respect de l'autre. Tous ces enfants de l'Algérie, du Maghreb et de l'Afrique, qui seront des adultes dans 10 ans, je ne pourrais pas mourir tranquille si je ne leur lègue pas quelque chose. Sinon, ça ne vaut pas la peine de vivre. J'y crois. Il faut donner les possibilités, les arracher, c'est aussi par le sport qui rend tolérant, tout comme la lecture. Tout le monde doit voyager avec la lecture. La situation doit changer. Nous sommes à la croisée des chemins. Il faut agir, y croire. Il faut aussi avoir un rythme lent, ne pas s'essouffler, prendre le temps. Tout ce qui se fait avec de la vitesse débouche sur une catastrophe.
Qu'est-ce qui vous motive dans l'accomplissement de votre tâche ?
C'est le travail, c'est quelque chose d'extraordinaire. Le travail c'est la fierté, surtout quand il est bien accomplit. Le travail, pour ne pas être à la charge de la société. Je suis conteur, acteur, réalisateur, auteur, et je fais tous cela avec beaucoup d'amour. J'aimerais revenir à la télévision, à la famille algérienne et à vos enfants, pour leur dire qu'il faut aimer son prochain, aimer la nature, l'humanité, les animaux, sa femme... il faut aimer et encore aimer. C'est ce qui me fait vivre. Pourtant, je suis triste. Triste de ne pas pourvoir communiquer de belles choses aux enfants. La caravane du livre, c'est extraordinaire, mais la télévision ce serait encore mieux, puisqu'on peut toucher tous les enfants de l'Algérie. Il ne me reste plus qu'à espérer un peu de sagesse de la part de l'ENTV.
Selon vous, comment donner à l'enfant la passion de la lecture ?
Exactement comme on lui apprend à manier les armes. C'est pour cela qu'on a créé les livres en matière plastique ou en tissu, pour qu'il s'y habitue. Il apprendra plus tard à ne plus les déchirer. Les parents doivent lui lire des histoires. A cet instant, c'est tout un mécanisme de fantaisie et d'images qu'il construit dans son cerveau. Il apprend après, de lui-même, à lire, et le livre devient son meilleur ami. Il lira chaque soir pour retrouver ses héros et petit à petit il ne s'en passera plus. Même s'il connaîtra des crises, elles ne seront que passagères. Les parents jouent un rôle très important : lit au nom de Dieu, au nom de l'amour de la patrie, de l'humanité, mais lit, c'est un message extraordinaire. Les mœurs sont adoucies par la lecture. Pour comprendre ce qu'est la musique, la peinture, la vie, la nature, la beauté, l'amour... il faut lire. La lecture c'est un chuchotement, c'est magnifique. Le calme est un signe de progrès, il faut arrêter le vacarme et les cris.
Quel conseil adresserez-vous tant aux décideurs qu'aux simples citoyens ?
Je leur dirais de faire comme le président, lorsqu'on lui envoie un livre, il le lit et n'hésite pas renvoyer sa propre critique. Si tout le monde se mettait à la lecture, la situation serait différente. Un livre est dix mille fois moins cher qu'une arme. Je suis triste de voir qu'à l'aéroport, dans les arrêts de bus... personne ne lit. Il y a peu de librairies, pas de bibliothèques, on n'a que des pizzerias ! Il est vrai que les livres coûtent chers, mais si la demande augmente leur prix va certainement baisser. Il faut avoir les moyens, il faut les trouver, les arracher. Toutes les communes doivent avoir des bibliothèques, et pour cela il faut que les élus eux-mêmes lisent. Il faut organiser des lectures publiques. L'Etat doit intervenir avec des subventions. Il faut que le livre devienne accessible à tous. Qu'est-ce qu'on a offert aux enfants pour l'Aïd ? Certainement pas des livres.
Hormis la caravane du livre, quelles sont les idées que vous comptez mettre en œuvre ?
D'abord, un marathon. Il faut qu'Alger en ait un pour 2010. Dès la fin du printemps 2006, on démarre l'opération avec 3 km pour commencer, puis 5, 10, jusqu'à en faire un vrai. On va y aller doucement, comme la tortue. Les gagnants, de tout âge, recevront comme cadeau des livres. Un marathon c'est une industrie, de par son infrastructure et son organisation, il génère du tourisme et sollicite les restaurants, les hôtels, les cafés... mais là encore, pour que les choses changent et s'améliorent, il faut que les responsables du sport fassent du sport.
Des idées comme celles-là, vous en avez encore beaucoup ?
Je suis un « fabuleur », je ne fais que cela. On m'aime parce que je « fabule ». Un « fabuleur » c'est mieux qu'un fabulateur ! Sinon, avec ma femme, on a édité plusieurs livres aux éditions Lalla Moulati, Hamidouche et la princesse des sept mers, Khanfous et l'art culinaire, Khanfoussa en quête du mari idéal et prochainement, un livre écologique avec comme héroïne, Belkis, la reine de Saba. J'aimerais aussi relancer le projet « 1 million de logements, 1 million de livres ». C'était avec le premier responsable du projet AADL, on comptait remettre les clés de chaque appartement avec, comme cadeau, un livre. C'est tombé à l'eau, puisque l'homme en question n'est plus à son poste. A moins que d'autres responsables réagissent ! Il y a quelque temps, la maison d'édition était sur le point de s'effondrer. Ce qui l'a sauvée, c'est l'action d'un constructeur qui m'avait passé une commande et acheté une quantité de livres pour les offrir aux enfants de ses ouvriers. C'était un architecte qui lit ! Il nous a sauvés. Tout peut arriver avec la lecture !


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