La justice française a jugé hier «fondé» le licenciement de deux salariés accusés d'avoir dénigré leur entreprise sur le réseau social facebook, a-t-on appris hier auprès des avocats des différentes parties. Le conseil des prud'hommes de Boulogne-Billancourt (ouest de Paris) a estimé que «la page (facebook) mentionnant les propos incriminés constitue un moyen de preuve licite du caractère bien-fondé du licenciement». En décembre 2008, un salarié de la société d'ingénierie Alten avait ironisé sur sa page personnelle, en disant faire partie d'un «club des néfastes».Deux autres employées avaient répondu : «Bienvenue au club». La responsable des ressources humaines était nommément citée dans un des échanges. Cette page n'était pas accessible à tous les utilisateurs du réseau, mais élargie «aux amis des amis», dont certains étaient employés par Alten. La direction de l'entreprise, prévenue par un salarié qui avait eu accès aux échanges en tant qu'«ami», avait décidé de licencier les trois salariés pour «faute grave», considérant leurs propos comme un «dénigrement de l'entreprise» et une «incitation à la rébellion». Deux des trois salariés licenciés avaient alors saisi la justice pour contester ce licenciement, tandis que le troisième avait préféré une transaction à l'amiable. La société avait fait valoir qu'elle n'avait pas «violé la vie privée de ses salariés», les propos ayant été échangés «sur un site social ouvert». En revanche, les salariés estimaient que cet échange avait un caractère strictement «privé». «C'est la première fois que la justice reconnaît que le licenciement des salariés pour avoir tenu des propos privés sur facebook est fondé», a affirmé l'avocat des deux salariés, Me Grégory Saint-Michel, annonçant qu'il allait faire appel. «Méfiance désormais pour tous les salariés d'avoir l'outrecuidance d'utiliser facebook pour s'exprimer. Les salariés doivent extrêmement faire attention à ce qu'ils disent de manière humoristique ou pas», a ajouté l'avocat. Facebook, le réseau aux 500 millions d'utilisateurs, est confronté régulièrement aux critiques concernant la confidentialité des informations.