La firme française n'arrête pas de s'emmêler les pinceaux et sa situation globale n'est guère reluisante. Le groupe Renault a été condamné par la cour d'appel de Versailles, le 15 avril, pour discrimination raciale. Le constructeur automobile français devra verser à la victime 249.900 euros de dommages et intérêts. Rendue publique mardi 20 avril, la décision infirme un jugement du conseil des prud'hommes de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) prononcé en juillet 2005. L'affaire concerne Boubakar Soumaré. Cet ancien salarié avait été engagé le 1er août 1970 par la Régie nationale des usines Renault comme cadre stagiaire avant d'être employé en contrat à durée indéterminée en janvier 1971, selon le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrpa), «intervenant volontaire» dans le dossier. A partir de la sixième année de son recrutement, il a subi une stagnation dans l'évolution de sa carrière et une politique de discrimination raciale directe et indirecte au sein de l'entreprise, poursuit le Mrap. S'estimant moins bien traité que ses collègues du fait de ses origines, M.Soumaré avait saisi la justice. Renault avait objecté que le travail de son collaborateur n'était pas à la hauteur de ses attentes. Après avoir constaté un très net «différentiel de rémunération» entre M.Soumaré et un panel de salariés au profil comparable, la cour d'appel de Versailles a jugé que «la différence de traitement» ne reposait «sur aucun motif valable». «Les critiques de l'employeur relatives à une prestation de travail (...) insuffisamment satisfaisante n'ont été formulées qu'a posteriori et peu de temps avant la saisine de la juridiction prud'hommale», ajoute la cour d'appel. Le constructeur devra également verser 3000 euros de dommages et intérêts à la CGT-Métallurgie, à l'UG des ingénieurs, cadres et techniciens CGT, ainsi qu'au Mrap, a ajouté la même source. Selon le Mrap, il s'agit d'une première. Auparavant, aucune entreprise n'avait été condamnée pour discrimination d'un cadre. Mercredi matin, le constructeur automobile n'avait pas encore décidé s'il comptait former un pourvoi en cassation.