On aurait souhaité voir, après le rite sacrificiel de Sidna Ibrahim El Khalil, les espaces publics de la capitale, Alger «la Blanche», débarrassés des tas d'ordures jetés par les ménages. On aurait aimé voir les gens, qui ont tenu à accomplir le rite musulman du 10 Dhoû el Hidja, asseoir une tradition, celle de rendre clean leurs cités, balayant le seuil de leurs chaumières et décrottant rues, ruelles et culs-de-sac des restes ovins. On aurait aimé fêter l'événement religieux sans avoir à donner du fil à retordre aux agents de voirie de Netcom qui, il est vrai, font dans un labeur au rabais. On aurait aimé festoyer l'Aïd El Kebir sans priver nos marmots de saisir le bon sens religieux que suppose l'offrande faite au Tout-Puissant, plutôt que les confiner dans un décor folklorique immuable. On aurait prié que la société civile réagisse le jour du «nahr», en prêtant main forte aux «neqayyîne» et non zeballine comme on les appelle à tort. Mais ces agents de voirie qui ont redoublé d'efforts, à l'occasion, semblent avoir toujours bon dos a fortiori lorsque nos espaces publics ne sont pas balayés. Il est vrai que la gestion de la ville en matière de propreté laisse à désirer, au point où la mégalopole, Alger, est classée bonnet d'âne parmi les capitales au monde et ce, au regard de la saleté repoussante qui la caractérise, entre autre. Mais, par souci d'équité, doit-on à chaque fois pointer un doigt accusateur vers ces agents de collecte et de ramassage de nos déchets ménagers fangeux jonchant à toute heure, n'importe où et n'importe comment nos quartiers qui continuent à se repaître de chimères ? Serait-il juste d'attribuer uniquement la responsabilité à Netcom tout en fermant l'œil sur la ménagère qui balance son ballot d'ordures par-dessus le balcon, qu'elle ne manque pas, comble de l'absurde, de fleurir ? Ne serait-il pas incongru de qualifier les nettoyeurs de nos détritus domestiques comme d'éternels méchants et nous, la collectivité plébéienne, comme de bons et loyaux citoyens ? Alors, trêve de jérémiades et retroussons les manches pour redorer le blason d'une capitale ternie par un réflexe aux antipodes de la conduite civique et du geste écocitoyen.