Le taux d'emploi des Français enfants d'immigrés du Maghreb est de 20 points inférieur à celui des Français de «parents nés français», différence qui ne s'explique que partiellement par le diplôme et peut découler aussi de la discrimination, selon une étude de l'Insee. Paris De notre correspondant
Des associations, telles que Club XXIe siècle, lancent des initiatives originales.Les statistiques sont têtues : les Français originaires du Maghreb sont toujours discriminés. La deuxième génération d'immigrés maghrébins a beaucoup de difficultés à trouver un emploi et ce phénomène ne s'explique pas seulement par les différences de diplômes ou de situation familiale, écrit l'Insee dans son portrait social de la France. L'Institut statistique a constaté un écart très important entre le taux d'emploi des Français de naissance et ceux qui descendent d'immigrés du Maghreb. L'écart est quasiment inexistant pour les Français descendants d'Européens. Le taux d'emploi des Français descendant d'immigrés du Maghreb est de 65% pour les hommes et de 56% pour les femmes, contre respectivement 86% et 74% pour les «Français de naissance» (deux parents français), relève l'Insee. «Les différences d'expérience, de diplôme, de situation familiale et de lieu de résidence entre les deux populations n'expliquent qu'un tiers de cet écart. Le reste peut provenir de l'existence de discrimination, mais aussi de tout ce qui n'est pas mesurable directement (réseaux professionnels, capital culturel, etc.)». La statistique n'a pu être élaborée pour la deuxième génération d'immigrés asiatiques ou d'Afrique subsaharienne en raison de la faiblesse des échantillons. Pour les Français dont les parents sont originaires d'Europe de l'Est, du Nord ou du Sud, l'écart n'excède jamais six points. Pour les Français issus du Maghreb, seulement un tiers de cet écart s'explique par les différences d'expérience, de diplôme, de situation familiale et de lieu de résidence. «La discrimination à l'embauche à l'encontre des descendants d'immigrés originaires du Maghreb, dont l'existence a été mise en évidence par les études de testing, est une explication plausible pour rendre compte d'une partie des écarts inexpliqués», remarquent les chercheurs. Un annuaire pour les entreprises Pour une meilleure représentation de la diversité. Le Club XXIe siècle publie un annuaire de personnalités issues de la diversité, ayant les compétences requises pour devenir administrateurs de société, avec l'idée qu'il serve de «vivier» pour des conseils encore largement dominés par des hommes blancs. Cet annuaire, qui comporte 37 CV d'administrateurs potentiels, a été élaboré par le cabinet de chasseur de têtes Korn/Ferry pour le compte de l'association, qui œuvre en faveur d'une meilleure représentation des Français issus de l'immigration dans les entreprises. Il sera distribué à d'autres cabinets de recrutement et aux DRH ou comités de nomination des sociétés du SBF 120 et de grands fonds d'investissement. «Nos chers dirigeants continuent à nous donner des spécifications de recherche qui sont la réplique de leurs parcours. Si on veut que les choses s'accélèrent, il faut les persuader d'envisager des profils et des parcours moins conformes à ce qu'ils ont vécu», témoigne Didier Vuchot, président de Korn/Ferry Europe.A ce jour, le chimiste Rhodia est la seule société du CAC 40 où siège, au poste d'administrateur indépendant, un Français issu de l'immigration, Jacques Kheliff, ancien mécanicien et responsable CFDT, note Hakim El Karoui, fondateur et ancien président du club, qui est banquier d'affaires chez Rothschild. Pour le banquier d'origine béninoise, Lionel Zinsou, président du fonds d'investissement PAI Partners, «il est temps que la gouvernance de l'entreprise ressemble à l'entreprise».