Le marché de la pomme de terre, dont les récoltes d'arrière-saisons ont débuté depuis déjà un mois, est en train de s'essouffler dramatiquement. En effet, lors de la première mise sur le marché, intervenue dès le 24 octobre dernier grâce à un producteur de Hassi Mamèche, le prix de vente sur champ plafonnait à 42 DA. Mais, une fois passée la première semaine, grâce à une nette amélioration de la taille et de la qualité des tubercules, le prix du légume payé au niveau des parcelles culminera à 50 DA, ce qui entraînera de facto un surenchérissement au niveau du prix au détail qui dépassera alors les 60 DA. Mais l'embellie ne durera pas longtemps puisque les consommateurs se retourneront rapidement vers la pomme de terre des frigos qui s'écoulait alors à 30 DA. Mais, depuis ce trop précoce coup de pioche automnal, la campagne de récolte s'accélèrera sous la menace du terrible Mildiou qui aura fait son apparition du côté de Aïn Tédelès et de Oued El Kheir. Profitant des longues averses du début novembre, le champignon le plus honni des fellahs a fait irruption alors que le végétal était en pleine phase de maturation des tubercules. Echaudés par les dégâts causés aux récoltes des années précédentes, les agriculteurs se ruent alors sur les champs encore immatures et inonderont très vite le marché. La qualité des tubercules aidant, les prix vont alors s'effondrer de nouveau. Les premières attaques de mildiou apparues sur le feuillage finiront par s'attaquer aux tubercules encore enfouis dans le sol. Alors que l'offre ne permet même pas de tenir le marché durant plus d'un mois, la mise sur le marché de petits tubercules tendres et à la peau friable va accentuer le dégoût des consommateurs. Très curieusement, alors que l'offre s'est vite amenuisée, les rondes des vendeurs à la criée à travers les quartiers de la ville ont repris de plus belle. Les prix proposés dépassent tout entendement, car à seulement 30 DA le kg, la pomme de terre nouvelle est un réel luxe dont n'ont pas encore pris conscience les consommateurs. Il est évident que l'embellie ne durera pas et que, sans l'apport des fellahs d'El Oued et de Biskra, on risque de s'installer rapidement dans la pénurie. Il est patent que, pour un grand nombre de producteurs, cette patate d'arrière-saison gardera un mauvais gout. Avec des rendements dérisoires du fait de l'acharnement à sauver les récoltes, et avec des prix aussi faibles – actuellement dans les champs, elle se vend entre 20 et 25 DA -, la pomme de terre d'arrière-saison, encore une fois, est en train d'infliger une punition lourde de conséquences pour la culture de saison. Celle qui démarre dans une semaine et qui utilise de la semence d'importation que certains négociants tenteront d'écouler à plus de 80 Da le kg. Si les importateurs ne prennent pas conscience des risques, nul doute que leur semence leur restera sur les bras. C'est déjà arrivé par le passé et, en fin de campagne, ce sont les ménages qui ont trinqué. Un technicien, qui suit de près cette campagne, souligne que certains tubercules mis à l'étalage n'ont même pas atteint 30% de leur poids idéal à partir duquel les rendements sont jugés satisfaisants. «Avec seulement de la grenaille, on est très loin du compte», dira-t-il.