Mustafa Akkad, l'un des réalisateurs arabes les plus connus à l'étranger, séjournait en Jordanie pour assister à un mariage devant être célébré, avant-hier, à Aqaba (sud). Sa fille Rima, âgée de 33 ans, qui l'accompagnait, a été tuée sur le coup dans la salle de réception de l'hôtel Hyatt où un kamikaze s'est fait exploser. Le réalisateur qui avait été grièvement blessé au cou et perdu beaucoup de sang dans l'attentat est décédé à l'hôpital, selon ses proches. Mustapha Akkad, qui a la double nationalité syrienne et américaine, était connu pour ses films Al Rissallah (un film sur l'avènement de l'Islam) et Omar Al Mokhtar, Le lion du désert (héros de la résistance libyenne contre l'occupation italienne) et Halloween. Akkad a étudié la mise en scène cinématographique, la production télévisuelle et, à un degré moindre, l'art dramatique à l'université de Los Angeles, en Californie. Il finira par être recruté à Hollywood, en tant qu'assistant de production chez MGM. Il a également travaillé à la chaîne de télévision, CBS. En 1972, il fonde Filmco, une maison de production qui lui servira à réaliser Al Risallah (le message), superproduction relatant l'avènement de l'Islam. Le film, projeté en 1976, a eu un succès énorme dans le monde arabe, incitant Akkad à produire une version anglaise pour le public américain. Dans la version « américaine », il donne à Anthony Quinn le rôle de Hamza, oncle du Prophète Mohammed (QSSSL). Le premier rôle féminin revient à Irène Papas, épouse du notable Qoreïchite Abou Sufyan et non moins adversaire farouche de la « nouvelle religion ». Mal accueillie par le lobby juif, d'autant plus qu'il était « l'œuvre d'un intrus arabe dans l'univers hollywoodien », Al Rissallah a dû être « gelé » jusqu'en 1979. Le timing n'arrangera pas pour autant la diffusion du film ni son auteur. 1979 est l'année de la fondation de la République islamique d'Iran par Khomeini et la prise d'otages des diplomates américains en poste à Téhéran. Le public américain n'hésitera pas à qualifier Al Rissallah d'une propagande pour l'Etat islamique de Khomeini. Cela valut à Akkad de nombreuses menaces de mort émanant de groupes radicaux américains. Le second succès de Mustapha Akkad est le Lion du désert, produit en 1981 et dont le rôle principal est confié à Anthony Quinn. Ce film raconte la vie de Omar Al Mokhtar, un nationaliste libyen qui a mené une révolte armée contre l'occupant italien. Le cinéaste américano-syrien devait encore affronter l'ire de Hollywood, qui voyait cette production comme un « cadeau » médiatique au bénéfice de Mu'ammar El Kadafi, chef de l'Etat libyen.