Les travailleurs de la Société algéro-française d'ingénierie et de réalisation (Safir) ont empêché, hier, le directeur général et le directeur technique de la société de rejoindre leur bureau. En effet, le bras de fer engagé entre le collectif des travailleurs et les responsables de Safir semble atteindre le point de non-retour. Après plusieurs sit-in et des mouvements de grève, dont le dernier en date remonte à la semaine dernière, le collectif des travailleurs a, devant l'inertie des responsables et la fin de non-recevoir des actionnaires de Safir, décidé de fermer carrément l'accès aux responsables de l'entreprise. Hier, devant le siège de Safir, des banderoles et des affiches dénonçaient la « hogra » et le manque de vision stratégique des actionnaires. Depuis l'introduction du nouvel actionnaire français, Marais Contracting, les représentants des travailleurs de Safir affirment que : « la vocation et le domaine d'intervention de Marais Contracting est totalement incompatible avec le métier de base de Safir qui est l'ingénierie dans le domaine pétrolier ». Et d'ajouter : « Aucune étude sérieuse n'a été faite pour mener à bien le projet d'introduction du nouvel actionnaire. Une étude qui devrait être assimilée à un schéma directeur dans lequel doivent figurer les stratégies et les plans de développement de la société Safir tel que cela a été fait avec Gaz de France en 1991, notamment ceux relatifs au volet du transfert de technologie, à la formation du personnel et enfin aux modalités et procédures de financement des projets. » Ceci étant dit, le collectif des travailleurs mène depuis quatre ans maintenant une lutte sur tous les fronts pour sauver son outil de travail. Dans ce sens, un dossier retraçant la genèse de Safir a été remis en main propre le 17 octobre dernier à Abdelmadjid Sidi Saïd. Le collectif des travailleurs de Safir reproche aux actionnaires « non seulement l'absence de convention Marais Contracting-Safir, mais aussi l'absence d'investissements réels ou de transfert de technologie dans le domaine des télécommunications pour diversifier le domaine d'intervention de Safir ».Le secrétaire général de la section syndicale de Safir, rencontré hier devant le siège de la société, nous dira : « Nous ne céderons pas, car nos revendications n'ont rien avoir avec les augmentations de salaires ou autres avantages. Nous défendons l'avenir de notre outil de travail. C'est l'existence même de notre société qui est en jeu aujourd'hui. » Pour rappel, la société Safir est constituée de Sonatrach avec 36 % des actions, Sonelgaz 15 % et Marais Contracting (entreprise française) avec 49% des actions. Elle a pour objet, en Algérie et hors d'Algérie, notamment l'étude générale (faisabilité, de marché), l'ingénierie d'unités industrielles, la maîtrise d'œuvre, ensemblier d'unités industrielles, les services industriels (inspection, contrôle qualité, diagnostic, etc.) et la supervision des travaux. En tout état de cause, hier, le collectif des travailleurs de Safir a reçu le soutien, par leur présence sur site, de plusieurs syndicats d'entreprises de la zone industrielle d'Arzew et des responsables de l'union locale UGTA. Cette action sera généralisée, selon nos informations, dans les jours à venir par un soutien effectif des représentants syndicaux de toutes les entreprises et les complexes de la plate-forme pétrochimique d'Arzew qui viendront observer des sit-in devant le siège de Safir en signe de solidarité.