Suite à la réponse apportée par le chef de cabinet du ministère de la Culture, publiée dans l'édition du jeudi 25 novembre 2010, où il est fait allusion à un distributeur qui n'aurait pas bien lu les textes, permettez-moi d'apporter la réponse suivante : en tant que professionnel, je pense savoir lire aussi bien les textes que les films ; et je ne pense pas avoir été contre une commission de visionnage constituée de professionnels. C'est loin d'être le cas malheureusement aujourd'hui.Je ne peux qu'être révolté contre les méthodes de cette commission qui ne voit pas les films ou met des mois pour vous répondre ou ne pas répondre. Il a fallu 35 jours pour avoir le visa pour Invictus, un film sur la vie de Mandéla, Inception déposé, par exemple, le 4 août dernier qui n'a toujours pas eu de réponse et pourtant plus aucun distributeur ne propose de titres. Comment aurait fait cette commission si elle avait à traiter 10 ou 20 sorties hebdomadaires ? Face à pareille situation, on ne peut que se féliciter de l'élaboration d'une loi qui règlemente l'activité cinématographique et nous extirpe, enfin, de l'emprise bureaucratique qui a sclérosé tout le secteur. Certes, l'Algérie de 1968 n'est pas celle de 2010. En ce temps, on importait plus de 200 titres par an et nous ne connaissions pas encore les affres des salles fermées, encore moins les effets du piratage.Le seul mode de consommation des images connu était le film dans les salles de cinéma ou à la télévision. Il n'y avait ni K7 VHS, ni parabole, ni DVD, ni Internet. A la veille de la promulgation d'une loi sur le cinéma, l'Algérie de 2010 ne peut ignorer les nouveaux supports d'exploitation des images, encore moins la révolution numérique qui se profile et verra, à terme, la disparition de la pellicule. N'est-il pas plus judicieux de partager des points de vue sur cette question au moment où on s'apprête à rénover les salles et engager des milliards de dinars qui pourraient s'avérer inefficace. Le distributeur que je suis n'a jamais été invité à prendre part aux consultations évoquées, ni n'a été tenu informé par quelque courrier que ce soit ou sollicité à apporter sa moindre contribution. Mon indignation, maintes fois renouvelée, auprès des services du ministère à présenter un DVD piraté à «la commission de visionnage» pour avoir le visa d'exploitation de mes films légalement acquis, ne m'a certainement pas beaucoup aidé. Je continuerai à m'élever contre ces aberrations, comme je dois aussi saluer l'intelligence qui a enfin prévalu, ces dernières semaines, pour avoir délivré des visas sans qu'il y ait eu remise de DVD. Ce qui a permis au public algérien de découvrir simultanément à leur sortie internationale Arthur 3 et Harry Potter et les reliques de la mort. N'est-ce pas mieux d'apporter de la joie ? Et c'est ce sentiment que nous voulons partager. Au-delà des polémiques stériles, je tiens aussi à informer vos lecteurs que, contrairement à ce qui a été rapporté par le conseiller consultant du ministère de la Culture, Délice Paloma n'a jamais été distribué en Algérie, puisque le visa d'exploitation a été refusé à Cirta Films qui a négocié les droits et dont une copie du contrat est au niveau du ministère, de même qu'il est faux de dire que La Bataille d'Alger a été censuré en France. Le film, s'il a soulevé bien plus que des réticences par certains nostalgiques, a été distribué par Universal et a bénéficié normalement du visa d'exploitation comme les autres films.