Avant que le conseil national des participations de l'Etat (CNPE) décide de leur dissolution en novembre 1997, l'Algérie disposait d'un important réseau de grands magasins, présent à travers l'ensemble du territoire national. La restructuration par la privatisation du secteur public de la distribution devait déboucher à terme par l'émergence d'un secteur de la grande distribution moderne et performante. La restructuration a malheureusement été bâclée. Douze entreprises de distribution des galeries algériennes (EDG) et presque autant de souk el fellah (ASWAK) composaient ce réseau d'environ 2500 magasins duquel s'approvisionnaient l'écrasante majorité des consommateurs algériens en dépit des pénuries récurantes qui le caractérisaient. Si les mesures de dissolution suivies de liquidation qui avaient affectées les EDG et, bien avant elles les ASWAK, pouvaient se justifier par leur irrémédiable déstructuration financière et leur mauvaise gestion, ce qui l'était beaucoup c'est l'état d'abandon dans lequel leurs infrastructures ont été laissées pour certaines depuis plus de dix ans, alors que la loi (code commerce) prévoyait une continuité de l'activité sous l'autorité des liquidateurs désignés en attendant que ces magasins éligibles à la privatisation trouvent de nouveaux propriétaires. Le holding « services » chargés de mettre en œuvre la décision du CNPE est parvenue à mettre fin à l'activité des EDG en moins d'une année en dépit des contestations des 5000 travailleurs licenciés auxquels on avait promis d'être prioritaires lorsque les actifs de grands magasins seront mis en vente. Il n'est par contre pas réussi à conduire le processus de privatisation qui traîne aujourd'hui encore pour diverses raisons parmi lesquelles on peut citer la difficulté des liquidateurs à évaluer le patrimoine des EDG, les convoitises de personnalités influantes et, il faut le reconnaître, l'absence totale de volonté d'ériger sur la base des entreprises dissoutes un secteur de la grade distribution performant. On a en mémoire les difficultés avec lesquels les repreneurs qui avaient pourtant satisfait aux exigences de la loi sur la privatisation et les cahiers de charges y afférents, ont enfin pu accéder à la propriété de ces grandes surfaces. Et il reste encore beaucoup à faire pour venir à bout du processus de privatisation qui n'a pour l'instant concerné qu'une part des actifs laissés par les entreprises de distribution dissoutes. Il faut également reconnaître que les grandes surfaces privatisées ont pour la plupart changé d'activité (transformées en dépôts, en usines ou autres) privant le secteur de la grande distribution d'autant de capacité. Les grands magasins confiés aux ex-employés des EDG ou des ASWAK sont dans leur écrasante majorité devenu des regroupements d'épicerie mal achalandées et peu attrayantes composées aux supérettes qui leur font concurrences. La faillite est déjà consommée pour nombre d'entre eux. La question que se posent aujourd'hui de nombreux algériens est de savoir pourquoi des magasins, et notamment les plus grands d'entre eux, laissés par les EDG et les ASWAK restent aujourd'hui encore fermés alors qu'ils pourraient au minimum servir aux promoteurs algériens et aux sociétés internationales de la grande distribution (Carrefour, Auchan, etc.) contraints de se rabattre sur de nouveaux terrains pour réaliser leurs infrastructures. Les autorités algériennes sont pourtant bien conscientes qu'il ne saurait y avoir d'économie de marché sans la grande distribution qui en est la symbolique. Il ne leur échappe également pas que les grands magasins ont la participation d'être à la fois de gros clients de l'économie (les produits agricoles et manufacturés se retrouvent sur les étals des grandes surfaces) et des pourvoyeurs d'emplois.