Entre les aquarelles, les pastels, les peintures à l'huile et les encres de Chine, le visiteur ne peut être qu'admiratif devant les œuvres de l'artiste peintre Nourreddine Chegrane. Personnalité incontournable du monde des arts plastiques depuis trente-cinq ans, Nourreddine Chegrane ne cesse de surprendre aussi bien les esthètes que les profanes à chacune de ses nombreuses expositions. Intitulée «Emotions», cette présente exposition est un genre de rétrospective regroupant d'anciennes et de nouvelles œuvres de l'artiste. Les murs de la galerie Art 4 You sont tapissés d'une multitude de tableaux aux dimensions variées. D'emblée, on en prend plein les yeux. Il faut prendre son temps et du recul pour apprécier et entrer dans les tableaux. Nul doute que lorsque l'on se retrouve face à ses toiles, on est subjugué et submergé par l'émotion. Ses peintures sont l'opposé de la tristesse. Elles nous font pénétrer dans un monde de bonheur, apportant des instants de détente certains. En effet, celles-ci regorgent de musicalité, de couleurs, de fraîcheur et de bonheur. «Tamaghra» (fête), «Danseuses sous la pluie», «Transmission» et «Printemps» sont autant d'œuvres joyeuses, dépouillées de toute superficialité. Elles expriment tout en peu de traits bien placés, à l'image de ces tapisseries, de ces signes, de ces symboles. Une voie qui montre l'essentiel. Chegrane a ce don de conjuguer l'esthétique et le geste spontané. «Je ne voudrais pas partager mes ennuis avec mon public, mais je veux donner du plaisir et du repos. Je ne transmets pas tout à fait mon état d'âme, même si je suis dans une mauvaise période. C'est vrai que je suis dans une décennie très tendue, mais je ne le reflète pas à 100%. Il y a quelque chose qui se dégage, mais je ne voudrai pas agresser le public avec mes problèmes», confie-t-il. Pour ceux qui ont suivi le cheminement de la carrière de l'artiste, il est aisé de constater que Nourreddine Chegrane s'est libéré quelque peu de la tourmente dans laquelle il a œuvré pendant une certaine période de sa vie, pour se faire le traducteur sensible de l'euphorie. Ses silhouettes élancées, qui esquissent les mouvements du corps, le chatoiement des couleurs, leur enchantement au soleil et leurs nuances raffinées dans certaines situations, dévoilent son émerveillement sincère et fin. Les silhouettes de Chegrane sont ourlées d'une profusion de couleurs et veinées de lumière, attestant, à coup sûr, de la qualité de son regard profond, ample et réfléchi. Cette exposition est rehaussée par la présence d'un nombre assez restreint de tableaux réalisés à l'encre de Chine, en petits formats. Une technique que l'artiste maîtrise depuis quelques années déjà. «Ce genre de graphisme, explique Nourreddeine Chegrane, est important aussi bien pour l'artiste que le public. Les gens ne sont pas habitués au noir et blanc. Pourtant, ce sont des couleurs importantes vu qu'il y a l'expression et même parfois la personnalité de l'artiste qui se dégage à partir de ces dessins. Il faut que cela reste dans un esprit de dessin. Il faut qu'on habitue l'œil au noir et blanc.» Disciple du regretté M'hamed Issiakhem et fervent défenseur des «aouchems», Nourreddine Chegrane confie qu'il a été influencé par son regretté maître. Il est toujours présent dans ses pensées et au moment de ses tracés. Le plasticien caresse le rêve de réaliser, à l'occasion des trente-cinq années de sa carrière, une imposante exposition de peinture qui retracerait son riche parcours artistique. «C'est une question de logistique, car il faut un support matériel important. Je veux exposer des œuvres de grands formats vu l'éventuel musée qui accueillera cette exposition. L'idéal serait de récupérer, auprès des collectionneurs et des particuliers, d'anciennes œuvres.» Il est à noter qu'après cette exposition, qui durera jusqu'à la mi-décembre à Art 4 you, sera suivie d'une seconde exposition sur les planches à laver au niveau de la galerie Thevest de Kouba.