Les comptes rendus de Ana Romero (El Mundo) et Thomas Barbulo Marcos (El Pais) sont jugées «makhzenement» incorrects. Le gouvernement marocain a réussi son pari de fermer les voies d'accès aux territoires sahraouis occupés. En effet, il vient d'expulser le dernier journaliste espagnol présent à El Ayoun, en la personne de Ana Romero, reporter du quotidien El Mundo. Au prétexte qu'elle constitue une «grave menace pour l'ordre public», Ana Romero qui a été autorisée à voyager au Sahara par le ministère marocain de l'Intérieur vient d'être priée de plier ses bagages. Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, a eu des mots particulièrement durs à l'égard de la journaliste et d'une «certaine presse espagnole» qu'il a qualifiée d'être «malhonnête» et accusé de «parti pris avéré et des dérives déontologiques graves à l'encontre du Royaume». Le ministre marocain a déversé son fiel sur les journaux espagnols El Pais et El Mundo, dont deux journalistes, Mme Ana Romero et Tomas Barbulo Marcos, avaient été autorisés à aller à E Ayoun «à la demande insistante des autorités espagnoles». Khalid Naciri a déclaré devant la presse à Rabat que «La bonne foi marocaine a, de nouveau, été trahie», en soulignant que les deux envoyés spéciaux espagnols n'ont cessé de publier «un torrent de contrevérités sur les événements de El Ayoun et refusent délibérément de reconnaître leurs errements passés au sujet de la situation dans le campement de Gdeim Izik, avant, pendant et après son démantèlement par des forces de maintien de l'ordre». En clair, les deux journalistes n'ont pas cédé à la «feuille de route» du Makhzen sur la lecture qui devrait être faite du raid de Gdeim Izik. Feuille de (dé)route Le gouvernement marocain n'a donc pas apprécié que les journalistes espagnols aient focalisé leur attention sur «des allégations intéressées de violations des droits de l'homme». Khalid Naciri n'a pas apprécié non plus que les rédactions d'El Pais et d'El Mundo aient refusé de publier «les démentis et mises au point que les autorités marocaines leur ont transmis». Le ministre s'étonne également que de ce que Mme Ana Romero ait déclaré que «son intégrité physique était menacée» et que le directeur général d'El Mundo ait revendiqué «la protection de l'Etat espagnol en faveur de cette journaliste». Le gouvernement marocain dénonce de la même manière Tomas Barbulo Marcos, du journal El Pais coupable, à ses yeux, de «dénaturation méthodique et de focalisation obsessionnelle» sur les événements post-démantèlement du campement de Gdeim Izik. Khalid Naciri en veut terriblement aux journalistes d'El Pais qui pourtant bénéficiaient «d'une interview exclusive» du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïb Fassi Fihri, «dans un geste de bonne volonté marocaine». Mais, à la publication, le Makhzen a constaté que ses «arguments précis et les démonstrations irréfutables soient ainsi passés sous silence». Il reproche au journaliste Barbulo de s'être attardé «jusqu' à l'obsession sur les allégations de torture». C'est pourquoi le gouvernement marocain, qui affirme être face à une «calomnie d'une extrême gravité, doublée d'une faute professionnelle supplémentaire d'inadmissibles errements», a décidé de poursuivre les deux journalistes devant la justice espagnole. Ainsi, pour n'avoir pas été caressé dans le sens du poil, le Makhzen a décidé de fermer à double tour les portes du Sahara occidental occupé à la face des journalistes du monde. Une mesure qui confirme la substance de la dernière résolution du Parlement européen appelant la monarchie à laisser circuler librement les journalistes et les ONG.