Dans une déclaration à El Pais et El Mundo, des responsables de l'administration coloniale marocaine à Al Ayoune ont avoué que «le nombre de prisonniers est de 132 et que les disparus, au nombre inconnu, sont des gens qui ont fui vers le désert de peur d'être emprisonnés». En tout état de cause, ces déclarations constituent une preuve supplémentaire sur le massacre de Gdeim Izik. Les correspondants d'El Pais et d'El Mundo, les seuls autorisés par le Maroc à visiter les territoires occupés – ils sont interdits à la presse et aux observateurs étrangers –, ont constaté que «la population civile sahraouie est terrorisée» et que les témoignages à propos des morts convergent, non par inexistence, mais par peur de représailles de la part d'agents marocains qui sont partout et qui continuent leurs descentes en raflant des jeunes Sahraouis. Les déclarations des représentants du makhzen constituent une preuve tangible et irréfutable pour des suites et des sanctions contre un régime mis à genoux par la résistance d'un peuple pacifique. Cet aveu est à la hauteur de l'ampleur de l'assaut violent contre le campement de Gdeim Izik et de la brutalité de la répression qui s'abat jusqu'à maintenant sur la population d'Al Ayoune. Les confessions des représentants du régime marocain concernant les disparus laissent entendre les pratiques ignobles de ce système contre un peuple digne et pacifique. Les jours à venir réserveront des découvertes choquantes sur les dimensions incroyables du crime planifié et exécuté par l'indu occupant marocain. La ville d'Al Ayoune reste verrouillée à cause de l'état de siège qui y est instauré : les rues sont désertes, les familles se terrent chez elles et les agents du makhzen qui guettent le moindre mouvement, parfois anodin, sont là pour intervenir. Face au black-out imposé sur le territoire sahraoui, le gouvernement de la République sahraoui et le Front Polisario exigent l'ouverture des territoires occupés aux observateurs étrangers et à la presse et dénoncent les manœuvres et mises en scène marocaines tendant à faire passer une version mensongère et fabriquée de toutes pièces. Pour rappel, le Maroc a nié depuis 20 ans et continue à le faire l'existence des bagnes de Tazmamart, Kalaat Megouna, Agdez et tant d'autres où des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans le secret total. Plus important, le gouvernement et le Front Polisario lancent un appel à la communauté internationale pour interdire au Maroc de continuer son plan de nettoyage ethnique contre la population sahraouie. Les responsables du Polisario renouvellent, à l'occasion, leur appel pressant pour la libération immédiate des prisonniers, la levée de l'état d'urgence et l'envoi d'une commission d'enquête indépendante pour constater l'ampleur des violations et des crimes odieux de l'armée marocaine.