Le potentiel assurable en Algérie est estimé à 5 milliards de dollars. Cet énorme manque à gagner pour le marché des assurances en Algérie est en grande partie imputable au manque de rentabilité de l'assurance de personnes et surtout l'assurance de biens immobiliers. Les deux branches pâtissent de l'absence d'une culture de prévoyance ainsi que de la faiblesse du pouvoir d'achat des populations algériennes. Des conclusions auxquelles ont abouti des experts internationaux à l'issue d'une récente étude sur le marché national des assurances, nous a indiqué Djamel Taleb, directeur régional (Est) de la Compagnie algérienne d'assurances et de réassurances (CAAR), en marge d'un séminaire organisé récemment à Annaba, consacré à la couverture des risques industriels. Pour rendre plus attractif le marché de l'assurance de personnes, les pouvoirs publics ont décidé d'opter pour la filialisation. Les trois grandes compagnies nationales (SAA, CAAR et CAAT) ont, ainsi, été appelées à créer, chacune en ce qui la concerne, des filiales spécialisées dans la gestion du risque assurance des personnes. Elles ont, toutefois, la latitude de choisir d'intervenir seules ou de s'ouvrir aux partenariats étrangers. Les trois filiales devraient être opérationnelles d'ici le premier trimestre 2011, a indiqué notre source. Si la CAAT et la CAAR n'ont pas encore tranché sur la formule à adopter, la SAA a, quant à elle, décidé de s'associer à un groupe français dont le nom n'a pas été encore révélé. Aux yeux de ce responsable, les assureurs nationaux publics ou privés doivent redoubler d'efforts à l'effet d'insuffler une nouvelle dynamique au secteur et assurer les conditions d'un marché favorisant une croissance réelle. Un challenge qui ne peut être relevé sans la stimulation de l'activité par la diversification des produits d'assurance avec en particulier la promotion des assurances des personnes. D'où la création des trois filiales sus-citées. Pour la même source, il est regrettable que dans un pays aux riches potentialités comme l'Algérie, le secteur des assurances représente moins de 1% du PIB (à peine 0,66%) au moment où chez nos voisins de l'Est et de l'Ouest, le taux se situe entre 2,4 et 2,6%. Malgré tous les efforts de redressement économique consentis, la couverture de l'économie nationale en termes d'assurance demeure la plus faible à l'échelle régionale. C'est justement dans la perspective de contribuer de manière plus efficace à son amélioration que la CAAR vient d'adopter un nouveau plan d'action pour les quatre années à venir avec comme objectifs essentiels : accroître ses activités, diversifier davantage ses produits et récupérer une grande part du marché national des assurances, a tenu à souligner le directeur régional. Cette démarche intervient après l'augmentation récente du capital social de la CAAR, porté de 4 à 12 milliards de dinars. M. Taleb a, en outre, fait savoir que des améliorations devraient être apportées au système informatique Orass, un progiciel introduit par sa compagnie depuis 1998. Pour la CAAR, il n'est plus question de rester confiné dans le classique rôle de prestataire de services. Mais la compagnie veut s'imposer désormais en tant que leader incontesté sur le marché où la concurrence devient de plus en plus rude. Des ambitions que M. Taleb estime à la portée de la CAAR vu les résultats jusque-là atteints en termes de chiffres d'affaires (CA). Ce dernier a connu une évolution appréciable ces dernières années. En l'espace de trois années, le chiffre d'affaires de la compagnie est passé de 6,8 milliards en 2006 à 13,2 milliards de dinars en 2009. Cette croissance est due notamment aux trois branches assurances de dommages, de personnes et des placements financiers. Toutefois, malgré sa solide politique de réassurance, la CAAR multiplie les actions de séduction à l'adresse de clients potentiels, surtout pour tout ce qui a trait à la couverture des risques industriels.