L'Algérie appuie officiellement la candidature de l'Allemagne pour le poste de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. «Les effets qui sont conséquents à la Deuxième Guerre mondiale doivent être dépassés maintenant. L'Allemagne doit trouver sa position en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. L'Algérie est favorable», a déclaré, mercredi 8 décembre à Berlin, le président Abdelaziz Bouteflika, lors d'une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande, Angela Merkel, à la fin d'une visite officielle de deux jours. Angela Merkel a publiquement dit «merci» au soutien algérien. A Berlin, l'Algérie est souvent présentée comme «une puissance régionale» en Afrique et dans le monde arabe. Aussi un tel appui prend-il une certaine importance. «L'histoire ne retient aucun antécédent de nature à peser sur les relations politiques germano-algériennes. Ces deux pays entretiennent depuis toujours des relations empreintes d'amitié», aiment souvent à dire les diplomates allemands. Grands vaincus de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), l'Allemagne et le Japon ont été contraints à se plier au nouvel ordre international et à accepter de jouer un rôle mineur sur la scène diplomatique. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le Japon et l'Allemagne sont devenus des puissances économiques qui ne veulent plus se contenter des petites chaises. «Le Conseil de sécurité doit refléter les réalités politiques du XXIe siècle. Il doit être réformé par le biais de modifications qui permettent d'élargir tant la liste des membres permanents que celle des membres non permanents», a déclaré dernièrement Tsuneo Nishida, représentant du Japon à l'ONU. Le Japon est également candidat au poste de membre permanent. Et l'Afrique? L'Allemagne s'est imposée pour faire partie du groupe qui négocie actuellement avec l'Iran sur le dossier nucléaire. Et par la force des choses, cela a donné le Groupe des 5+1, autrement dit la Chine, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie et la France + l'Allemagne. C'est probablement «un tremplin» pour le poste tant recherché. L'Algérie devra également – ce qui est déjà compliqué – soutenir une candidature africaine étant entendu que ce continent, le plus peuplé après l'Asie, est le seul qui n'est pas représenté au sein de l'instance d'exécution de l'ONU. «La réforme de l'ONU se pose au niveau de l'Union africaine (UA). Et la doctrine de l'UA est connue de tous», a expliqué M. Bouteflika. Traduction : l'Algérie soutiendra la candidature parrainée par l'UA et n'apportera pas d'appui individuel à un pays africain. C'est pourtant ce qu'aurait voulu avoir l'Egypte, par exemple. En juillet 2010, le président Hosni Moubarak est venu à Alger solliciter l'appui de l'Algérie à la candidature de l'Egypte au nom du groupe africain. Aucune réponse. Le président Bouteflika, qui semble reprendre l'exercice de s'adresser à la presse, aurait pu dire la même chose qu'à Berlin après la visite de son homologue égyptien à Alger. Cela n'a pas empêché la machine diplomatique égyptienne de se mettre en marche pour collecter les appuis en Afrique. Le Nigeria, le plus grand pays d'Afrique avec 152 millions d'habitants, et l'Afrique du Sud, la première économie du continent, sont également en course. Depuis l'appel du Swaziland de 2005, l'Afrique réclame deux sièges de membres permanents au Conseil de sécurité onusien. Cet appel a été signé par l'Algérie. Théoriquement, un pays africain a plus de chance de se retrouver parmi le cercle restreint et «atomique» des membres permanents. Il y a au moins deux raisons. D'abord, la communauté internationale ne peut plus tourner le dos à l'absence de l'Afrique au sein de cette instance de l'ONU au risque de manquer de crédibilité et de créer une crise profonde de confiance. Ensuite, le monde occidental, l'Europe en particulier, est «surreprésenté» avec la Grande-Bretagne, la France auxquels il faut ajouter la Russie. Les Etats-Unis représentent les deux Amériques. Aussi, élire l'Allemagne sera-t-il perçu comme une injustice par les pays du Sud. L'Inde, le deuxième pays le plus peuplé au monde, l'Indonésie et le Brésil, puissances émergentes, nourrissent eux aussi l'ambition de se retrouver au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. A moins que la communauté internationale et les forces influentes acceptent de doubler, voire de tripler, le nombre actuel des membres permanents de l'instance exécutive des Nations unies. A ce moment-là, de dures batailles diplomatiques doivent être menées par les pays du Sud. Jusque-là, les choses semblent tourner en rond. Le débat sur l'élargissement du Conseil de sécurité n'évolue pas. «Le temps ne joue pas en faveur de l'ONU si une adaptation de ses structures aux réalités de notre temps ne peut pas être réussie bientôt. Nous devons parvenir à une réforme de compromis si le Conseil de sécurité veut préserver sa place au cœur du système multilatéral», a prévenu récemment Peter Wittig, l'ambassadeur d'Allemagne à l'ONU.