Le texte de loi portant instauration de l'état d'urgence est une procédure anticonstitutionnelle. Sur le plan législatif, je l'affirme sans avoir peur de me tromper, c'est une infraction à la Constitution. L'autre fait illégal émanant du président de la République est son prolongement à une date indéterminée sans consultation du Parlement », a soutenu, hier, le président du groupe parlementaire du Mouvement pour la société et la paix (MSP). En cas de nécessité, ajoute-t-il, le président de la République a la prérogative de réinstaurer, à n'importe quel moment, l'état d'urgence. « M. Bouteflika peut procéder à la levée de l'état d'urgence, de conformer le texte à la Constitution et de le réinstaurer par la suite », dira-t-il. Il ressort des propos du représentant du MSP que le plus important pour sa formation n'est pas le fond du problème, à savoir la restriction des libertés, mais plus la forme, notamment pour ce qui se rapporte à l'aspect juridique de la démarche. Rappelons que le projet se rapportant à la levée de l'état d'urgence a été élaboré en 2003 par les députés du MSP. Le texte a été soumis au gouvernement. Ce dernier a expliqué l'utilité du maintien de l'état d'urgence et ce, en dépit de l'amélioration de la situation sécuritaire. Selon certaines informations, les députés du MSP, après la mise en place de l'Alliance présidentielle, se sont rétractés sur le sujet. Ils veulent néanmoins que la commission de défense nationale prenne en charge le projet. Lors de la réunion, dernièrement, des membres de la commission de défense nationale de l'APN, il a été demandé aux députés du MSP de retirer le projet. Pour ne pas cautionner l'échec de leur démarche, ces derniers s'y sont d'ailleurs refusés. « Certains membres de la commission étaient pour le retrait du projet, alors que d'autres étaient contre. En ce qui nous concerne, nous avons refusé de retirer le texte et nous avons laissé le choix au bureau de l'APN de décider de la démarche à suivre puisque le dossier relève de ses prérogatives. Toutefois, nous pensons que le projet sera débattu à l'APN », a souligné le président du groupe parlementaire du MSP. Par ailleurs, et selon un membre du groupe parlementaire, le MSP compte jouer la carte du code de la famille pour faire passer le projet relatif à la levée de l'état d'urgence. « En politique, tout est permis. Nous pouvons céder sur la question du code de la famille et adopter dans ce sens les décisions du gouvernement, mais en contrepartie nous exigeons la levée de l'état d'urgence », a laissé entendre un représentant du MSP. Si l'on analyse ce procédé, il est possible de qualifier de « chantage » la démarche du MSP. Il reste que la question qui se pose est de savoir si M. Bouteflika acceptera le marché du MSP.