Depuis le 28 novembre, les révélations de Wikileaks n'en finissent pas de tenir en haleine le monde entier. Au Maghreb, de nombreux câbles diplomatiques ont sérieusement égratigné l'image des régimes en place. Corruption, pratiques mafieuses, des dirigeants incapables de s'entendre sur les questions régionales, des militaires véreux qui occupent un rôle obscur au sein des appareils de l'Etat, des services de renseignements paranoïaques et divisés, des gouvernements qui obéissent à la moindre directive occidentale, une souveraineté nationale bafouée, etc., les documents révélés par Wikileaks ont laissé pantois des pans entiers de l'opinion publique maghrébine. A travers ces mémos, c'est toute une mise à nu des systèmes politiques maghrébins qui se dessine. L'Algérie, comme le Maroc, la Tunisie et la Libye, ont été passés au crible par des observateurs américains qui n'ont jamais hésité à déverser, par moment, et en coulisses, leur fiel sur des régimes jugés "sclérosés", dictatoriaux et "coupés de la réalité" et de leurs peuples. Les câbles diplomatiques américains, classés secrets ou confidentiels, ont prouvé, s'il en est vraiment besoin, que les pouvoirs en place au Maghreb relèvent beaucoup plus de la "mafiocratie" et de la "médiocratie" que d'un pacte politique conclu avec la société civile. A la lecture de tous ces documents, le Maghreb apparaît bel et bien comme une machine de terreur, de détournement et de blanchiment d'argents. Face à tous ces graves accusations qui ont fait le tour du monde, un silence mystérieux règne sur la plupart des capitales maghrébine. Seule Tunis a osé réagir en affirmant que "ces fuites n'auront pas de conséquences sur les relations" entre Tunis et Washington. Dans ce sens, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Kamel Morjane a même assuré jeudi que les documents Wikileaks sont seulement des '"appréciations personnelles des ambassadeurs des Etats-Unis n'exprimant aucunement les positions de Washington". Cependant, Kamel Morjane a dénoncé certains télégrammes relatifs à "des affaires internes" à la Tunisie, les qualifiant de "reproduction de mensonges et de calomnies de certains détracteurs qui s'acharnent obstinément à nuire" au pays. Il dira même que certaines "allégations sont infondées et ne reflètent nullement la réalité", jugeant par ailleurs "sans crédit" voire "inacceptables" certaines révélations ayant trait aux relations de la Tunisie avec ses "frères" arabes. Si ces allégations sont infondées, elles ne demeurent pas moins qu'elles ont semé la panique au sein de l'establishment tunisien qui aurait, certainement, aimé se passer d'une aussi sinistre publicité. Mais est-ce le même malaise qui anime désormais les sérails Algériens et Marocains ? Certes pour le moment rien n'a filtré, mais leur silence ne devrait pas s'éterniser car le linge sale se lave à présent en public...