Pour leurs besoins quotidiens, les résidants consomment l'eau des citernes dont la provenance et la qualité sont souvent douteuses. Plus de 30 familles du domaine Kheir Mebarek et Si El Houes, dans la commune de Aïn Benian, souffrent d'une marginalisation qui dure depuis l'indépendance. A ce jour, ces bourgades ne sont pas raccordées au réseau d'AEP, les habitants ne connaissent pas l'eau du robinet et restent parmi les rares foyers du pays à être privés d'eau potable. Pour leurs besoins quotidiens, les résidants consomment l'eau des citernes dont la provenance et la qualité sont souvent douteuses. Le prix d'une citerne de 3000 litres d'eau coûte 600 DA et chaque famille consomme une moyenne de trois citernes par mois. Durant plus de quarante ans, des centaines de demandes de raccordement au réseau d'AEP ont été introduites par les citoyens, sans que les services de la commune daignent prendre leurs doléances en charge. «Tous les maires passés par cette commune ont promis de raccorder, en priorité, ces domaines agricoles au réseau d'AEP, mais une fois élus, on ne les a plus revus», dénonce un père de famille rencontré sur place. «Même avec l'arrivée de la Seaal, les domaines Kheir Mebarek et Si El Houes demeurent oubliés», se plaint un autre habitant. Alors que plusieurs localités et cités bidonvilles de la wilaya d'Alger ont été raccordées illégalement et bénéficient de l'eau gratuitement, les résidants de ces domaines refusent de recourir au piratage. «Nous sommes dans le besoin, mais pas des voleurs», soutient notre interlocuteur. En plus de l'eau potable, ces bourgs construits sur des exploitations agricoles sont privés de réseau d'assainissement. Les eaux usées sont déversées dans des fosses septiques qui, une fois remplies, sont vidangées par les résidants pour une somme allant de 1000 à 2000 DA, une opération qu'ils effectuent une fois par an. Ainsi, hormis le courant électrique, aucune autre commodité n'est disponible dans ces bâtisses coloniales ou datant de l'époque de la révolution agraire. A défaut de solutions adéquates et urgentes, les responsables locaux ont promis le relogement des habitants, «mais sans qu'une échéance précise soit donnée», précisent-ils. Il y a deux ans, quatre familles de Kheir Mebarek ont été relogées et les lots de terrain qu'ils occupaient vont servir à la construction de logements. «Nous n'allons pas attendre indéfiniment l'éventuelle programmation d'un chantier pour que les responsables de la wilaya d'Alger décident de nous sortir du calvaire que nous vivons», tonne un autre résidant ayant habité ces domaines depuis l'indépendance. Il dit croire dur comme fer que, n'étaient les nouvelles cités construites dans les parages, les habitants des fermes en question seraient privés également de la route et du transport des voyageurs. Et pour preuve, il cite le cas de la cité Rabah Bouaziz qui n'est séparée de leurs bâtisses que par la voie publique. «Elle est dotée de toutes les commodités, alors qu' elle a été réceptionnée il y a trois ou quatre années à peine, c'est injuste !», s'indigne un homme d'un certain âge, ajoutant que «certains habitants dont les constructions sont précaires espèrent quitter les lieux, alors que d'autres veulent rester travailler la terre et ne demandent que le raccordement de leurs foyers aux réseaux d'eau, d'assainissement et de gaz de ville».