Une cinquantaine de vieilles, de vieux et de jeunes munis de banderoles, de pancartes et de portraits des victimes ont répondu à l'appel des deux organisations nationales de disparus en se rassemblant hier devant la Grande-Poste à Alger. Ils voulaient prendre à témoin l'opinion nationale et lui rappeler que les séquelles de la décennie noire sont toujours vivaces. «Les familles de disparus exerceront leur droit à la liberté d'expression, garanti par l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), dans leur détermination à revendiquer leurs droits à la vérité et à la justice malgré l'interdiction, depuis août dernier, de leur rassemblement hebdomadaire», expliquent les membres des deux organisations initiatrices de ce rassemblement, dans un communiqué. «Nous voulons rappeler aux autorités leurs engagements internationaux. Nous voulons leur dire que nous ne baisserons pas les bras avant de connaître la vérité sur nos enfants», affirme Hassan Ferli, responsable de SOS disparus. Et c'est ce que demandent effectivement les protestataires. «Ya houkam bladna, beynouna ouladna (dites-nous où sont nos enfants)», «Ouladna rahoum heyine, fi essoudjoun makhzounine (nos enfants sont vivants, ils sont cachés dans les prisons)… scandent en chœur les représentants des familles des disparus présents à ce rassemblement. «La Déclaration universelle des droits de l'homme a 62 ans, respectez vos engagement !» C'est le slogan choisi par le Collectif des familles de disparus en Algérie et SOS disparus pour célébrer l'anniversaire de «la Constitution» des droits de l'homme qui est la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) du 10 décembre 1948. Le slogan s'adresse aux autorités algériennes auxquelles les familles des personnes victimes des disparitions forcées demandent la vérité sur leurs enfants et parents. Le rassemblement des familles des disparus s'est déroulé sans incident. Les dizaines de policiers dépêchés sur les lieux ont toléré, et pour la troisième fois, ce genre de regroupement.