Des efforts et des sacrifices risquent d'être vains si les pouvoirs publics ne tendent pas la main à l'Union des sourds-muets. Une Année. C'est la période durant laquelle les membres de l'Union des sourds-muets de Béjaïa (USMB) attendent que les autorités leur allouent un local, en vain. «Que des promesses !» fulmine M. Nadir Belabbas, président de l'USMB, visiblement déçu par la situation. En effet, les différents responsables, sollicités jusqu'ici, n'arrivent pas à trouver une solution définitive à cette frange de la société. Orientés d'une direction à une autre, par des officiels qui se rejettent mutuellement la balle, les sourds-muets ont demeuré plus d'une année sans être casés nulle part. Cela dure depuis que ces derniers ont été expulsés du siège dont ils étaient locataires. Résultats : Les activités de l'association ont été gelées. Idem pour l'école de langage des signes, au détriment des intérêts des sourds-muets de la wilaya et leur instruction notamment. Seul un hangar leur a été proposé à Sidi Ali Lebhar, mais il n'a pas été attribué à ce jour. Ajouter à cela que les membres de l'association jugent que c'est trop loin de la ville. Aujourd'hui, las d'attendre, l'Union décide de louer un local pour 27 000 dinars par mois dans le but d'assurer le fonctionnement de leur école. Une reprise qui n'a pas été des plus facile. Le nombre d'adhérents a diminué sensiblement alors qu'il était important. Il est également difficile pour M. Belabbas et son équipe de mobiliser des bénévoles et des interprètes qui pourront les aider dans leur mission. L'école souffre aussi financièrement. La subvention que reçoit l'association est presque insignifiante. «Pourtant, notre école est aussi indispensable aux sourds-muets qu'aux entendeurs, car le langage des signes n'est pas seulement un moyen de communication pour les malentendants, mais c'est une langue vivante et universelle» soutient M. Belabbas.Notre interlocuteur estime que les sourds-muets de Béjaïa sont complètement marginalisés. «Les autorités ignorent nos droits et nous prennent pour des incapables, tout ça parce que nous ne communiquons pas» déclare-t-il. Il évoque, comme exemple parmi tant d'autres, l'interdiction de passer le permis de conduire aux sourds-muets. La direction du transport de la wilaya de Béjaïa est l'une des rares à refuser cet examen aux malentendants alors que cela se fait naturellement ailleurs sur le territoire national et à l'étranger. Ces négligences empêchent les sourds-muets de s'intégrer dans la société. Des efforts et des sacrifices risquent d'être vains si les pouvoirs publics ne tendent pas la main à l'Union des sourds-muets de Béjaïa.