Des médecins tirent la sonnette d'alarme sur l'ampleur que prend le phénomène des infections associées aux soins en milieu hospitalier. Une journée de sensibilisation et de formation, destinée aux médecins et aux paramédicaux a été organisée hier par la société Nosoclean au niveau de l'hôtel militaire de Blida, sous le thème de : «Qualité et sécurité des soins à l'hôpital». Intervenant en ouverture de cette journée, le docteur Timsiline, de Nosoclean, a insisté sur les retombées négatives de l'absence de l'hygiène au niveau des hôpitaux sur la santé des patients. Selon lui, plusieurs personnes ont contracté des maladies lors de leur hospitalisation, mais le chiffre exact de ces victimes reste encore inconnu. Même les cas de décès suite à des maladies nosocomiales demeurent aussi non répertoriés. «Officiellement, on parle d'un taux de 14% de personnes ayant contracté des maladies à l'intérieur des établissements hospitaliers. Ce pourcentage est contesté par plusieurs médecins, puisqu'il ne reflète pas la réalité du terrain. La situation est catastrophique, et dans certains services, plus de 50% des patients sont victimes de maladies nosocomiales lors de leurs hospitalisation», a-t-il encore déclaré, en appuyant ses propos par des images choquantes et révélatrices sur le flagrant manque d'hygiène dans nos hôpitaux. Le conférencier regrette surtout le fait qu'il n' y a aucune loi en Algérie définissant les infections nosocomiales. «Même nos magistrats ne maîtrisent pas ce domaine, et ce, contrairement à d'autres pays où on trouve des juges spécialisés dans le domaine de la santé», a-t-il déploré. Le Pr Soukehal Abdelkrim du CHU de Beni Messous a, quant à lui, appelé à la nécessité de renforcer la formation du personnel de santé afin de lui inculquer la culture de l'hygiène dans les hôpitaux.
Pour lui, il y a trois grands facteurs engendrant des infections associées aux soins et qui sont l'environnement, l'acte de soins en lui-même, ainsi que l'état pathologique du patient. De son côté, le Dr Attif du service épidémiologie du CHU Frantz Fanon de Blida, nous a déclaré que l'état des lieux sur l'hygiène hospitalière en Algérie est déplorable. Il regrette aussi le fait que les médecins continuent de prescrire abusivement des antibiotiques à leurs patients hospitalisés, afin de leur éviter les maladies nosocomiales, au lieu de veiller réellement au respect des règles d'hygiène.