Natif du village d'Ath Mansour, dans la wilaya de Bouira, Farid Amrar expose pour la première fois dans la capitale. Ayant à son actif plusieurs expositions à Tizi Ouzou, Oran, Béjaïa, Mostaganem, Maghnia, El Bayadh et Ghardaïa, l'artiste peintre Farid Amrar a choisi de faire une escale heureuse à Alger pour livrer aux esthètes et aux profanes ses œuvres. Des œuvres parlantes où le passé est convoqué à chaque tracé. S'inspirant des résidus de notre histoire, l'artiste se plaît à taquiner la mémoire et la civilisation à travers son exposition portant le thème «Crépuscule des pierres». Sa source d'inspiration est l'incommensurable héritage culturel et ancestral. Dans l'ensemble de ses 24 tableaux aux dimensions variées, on retrouve des pans historiques entiers. Comme il l'explique si bien, ses productions ne sont autres que des craquelures de la mémoire. «Si les Grecs, les Romains et les Aztèques sont fiers de leur histoire, chez nous des sites entiers, témoins d'anciennes civilisations, sont à l'abandon total. Il faut avoir un regard à travers le temps et ce, de la période antique à la période contemporaine. Ma vision est artistique», dit-il. C'est justement parce que certains de nos vestiges sont dans un état de délabrement avancé que Farid Amrar a songé à travers ses œuvres à sensibiliser la société. Il est convaincu que cette dernière doit valoriser son patrimoine culturel, historique et touristique de son pays, tout en essayant de ne pas défigurer le site, mais en tenant compte de l'esthétique architecturale ancienne des villes. Le sujet n'est qu'un prétexte pour valoriser le patrimoine ancestral. Un point d'honneur qui est respecté dans toutes ses productions. Avant de se lancer dans une quelconque réalisation d'œuvre, l'artiste se lance dans un travail de recherche des matériaux susceptibles d'être utilisés. Il accorde également une attention particulière à la recherche du graphisme, de la forme et de la couleur, façon singulière d'arriver à l'émotion. Dans le premier tableau, «Rupture d'une pierre», on retrouve un assemblage de quatre petits tableaux où chacun d'entre eux met en avant-plan des sites archéologiques dont, entre autres, une église datant du XVIe siècle, un fragment d'un mausolée de Cherchell. Dans le deuxième tableau portant le même titre, le regard du visiteur est convié à admirer des petites séquences de sites. A la base, on retrouve certains monuments archéologiques de Béjaïa et d'Oran. Dans un miroitement de couleurs jaune paille, cendre et des formes, une vision détériorée de Timgad est à l'honneur. Sur le côté droit de l'œuvre, le panorama du centre-ville laisse entrevoir une architecture neuve avec ses autoroutes et ses panneaux de signalisation. Farid Amrar avoue que parfois la pierre l'inspire et, d'autres fois, il s'en éloigne involontairement pour mieux la retrouver. Dans l'œuvre «Une ville est un espace», le plasticien immortalise des séquences de son ancienne ville d'accueil, à savoir Oran, et ce, rehaussé d'un empâtement de peinture. Très soucieux de son travail, il précise que chaque toile devient un espace de réflexion et de création, de contexte et de concepts : «C'est mon idée, ma vision, ce regard spatial que j'ai de notre identité, notre patrimoine culturel matériel, qui me rapprochent de cette universalité de l'art contemporain. Le déclencheur de mon inspiration artistique est provoqué, ces dernières années, par tous ces résidus de l'histoire, que ce soit les vestiges archéologiques ou le patrimoine architectural des villes. Dans mes toiles, j'ai essayé de donner du mouvement, de la vie à la mémoire des pierres. Mon rôle est de transmettre un message pour aider à prendre conscience de la nécessité de préserver et valoriser notre patrimoine culturel matériel et historique.» Et d'ajouter : «Les paysages historiques sont les seuls témoins oculaires de la culture ancestrale et les seuls à survivre. Et, malgré leur détérioration, il demeurent les leitmotive de la régénérescence des caractères ancestraux et de l'atavisme.» Il est à noter que Farid Amrar est diplômé depuis 2008 de l'Ecole des beaux-arts de Mostaganem dans la catégorie peinture. Une fois le diplôme en poche, il suit des études de conservation et restauration des biens culturels, de 2008 à 2010, au musée Zabana d'Oran. Une formation assurée par l'association espagnole Restaurateurs sans frontières. Il a également collaboré avec l'artiste française, Catherine Poncin. Depuis quatre ans, il se concentre sur cette notion de sauvegarde du patrimoine culturel.