Tout comme Albert Camus qui a puisé son haleine du cimetière des colériques d'Oran en rédigeant La Peste, le souffle de Farid Amrar est tiré du fond des contrastes diamétralement opposés. Ses toiles portent la signature d'un bohème insurgé contre les imperfections collées insidieusement au modernisme. Loin des idéaux archaïques et révolus, l'artiste s'élève obstinément pour dénoncer cette architecture appliquée aux villes, au détriment de leur esthétique historique et des anciennes civilisations. Le visiteur peut lire cette proclamation faite par Amrar Farid laissant son pinceau se déchaîner comme le déchaînement des paroles d'un poète libre. La perfection moderniste doit être en harmonie avec le riche patrimoine culturel et identitaire national. Pour lequel des deux concepts faut-il opter? Le peintre laisse la touche finale à ses admirateurs pour en conclure, chacun selon ses convictions. Le visiteur est associé de fait dans le champ spirituel de l'artiste. Là est le sommet de son inspiration qui fait sienne la prophétie du célèbre critique d'art, André Chastel, prédisant qu'«une oeuvre d'art est bonne lorsqu'elle est apte à provoquer les vibrations de l'âme». Ainsi, en contemplant l'oeuvre de Farid Amrar, le spectateur est aussitôt plongé dans la tourmente des questionnements aux multiples réponses. Là est la confirmation du fameux proverbe de Chastel: «Le peintre peint ce qu'il a décidé de voir avec les moyens qu'il a choisis.» Pour l'artiste, le ton consiste à préserver la culture ancestrale pour de futures générations. «Si les Grecs, les Romains et les Aztèques ont de quoi être fiers de leur histoire, chez nous, des sites entiers, témoins d'anciennes civilisations, sont à l'abandon total.» Ce sont là les petits propos de l'artiste-peintre, Farid Amrar, qui s'inspire de l'héritage culturel ancestral et historique dans la réalisation de ses oeuvres. Quelle est cette chose abstraite qui peut provoquer brutalement toute cette contemplation qui sert d'outil instigateur à une telle spiritualité? L'enfant natif du village d'Ath Mansour, dans la wilaya de Bouira, ne cesse d'éblouir ses admirateurs. Les raisons ne sont pas dissimulées. Au premier regard jeté sur la toile, le visiteur se rend compte que l'artiste appelle explicitement à la création moderniste, tout en chouchoutant l'héritage patrimonial ancestral. Tout comme Albert Camus, qui a puisé son haleine du cimetière des colériques d'Oran en rédigeant La Peste et des ruines romaines en écrivant Noces, le souffle de Farid Amrar est tiré du fond des contrastes diamétralement opposés. L'inspiration de Farid Amrar est ce ressourcement complet qui ne laisse rien au hasard. Elle est donc, cette force antinomique, «angélique et démoniaque», que l'artiste a qualifiée d'inspiration provoquée par «les résidus de l'histoire» comme les sites historiques en ruine ou à l'abandon. C'est cette puissance interne qui le stimule à se rebeller contre l'ingratitude humaine vis-à-vis de l'histoire en l'entachant par des oeuvres ne se renvoyant à aucune référence historique et ne répondant à aucun design. L'artiste se veut être, ni archéologue ni historien; il ne se place ni en moralisateur ni encore moins en donneur de leçon. «Il faut, tout simplement, sensibiliser cette société afin qu'elle valorise son patrimoine culturel, historique et touristique de son pays tout en prenant en compte l'esthétique architectural ancien des villes», a-t-il acquiescé. Pour développer le style, l'artiste est obligé de faire des recherches des matériaux compatibles à utiliser et la manière de les exécuter dont le but est d'attirer le regard de spectateur. Farid Amrar a modelé son style en optant pour l'art contemporain accompagné d'une mixture de techniques dont le collage. A son actif, plusieurs dizaines d'oeuvres et des participations aux salons tenus à Alger, Tizi Ouzou, Oran, Béjaïa, Mostaganem, Maghnia, El Bayadh, Ghardaïa. Sa fierté est d'avoir fait l'école qui a enfanté Issiakhem, Khadda et l'Espagnol Fernando. Le sommet de son oeuvre est d'avoir tenu à sa promesse en rendant un vibrant hommage à Rachid Mimouni, organisé tout dernièrement à la fondation Abdelkader-Alloula.