Un scandale de trafic de handicapés mentaux vient d'être mis au jour en Chine, où les victimes étaient vendues à un atelier construisant du matériel pour des entreprises de chimie. La police a interpellé, hier soir, le chef d'une usine chimique impliqué dans le dernier scandale d'esclavage du pays, et a libéré douze ouvriers souffrant de handicaps mentaux, qui avaient été vendus par un propriétaire d'asile dans la province du Sichuan. Ce dernier avait été arrêté le jour précédent. Son fils et sa femme ont également été arrêtés. Le 10 décembre, des journalistes du Xinjiang Metropolis News ont été prévenus que l'usine employait des handicapés cérébraux et sont donc allés interviewer le propriétaire au sujet de la pollution, comme prétexte pour découvrir les conditions sur place. Ainsi, un responsable d'un centre d'accueil pour handicapés mentaux dans le sud-ouest de la Chine est soupçonné d'avoir vendu au moins 70 de ses pensionnaires, pour en faire des esclaves dans des usines, a rapporté aujourd'hui la presse officielle. Les enquêteurs ont suivi une piste depuis la région occidentale du Xinjiang, où les autorités ont imposé la fermeture d'une fabrique dans laquelle 11 ouvriers, déficients mentaux pour la plupart, étaient réduits au travail forcé. Ces 11 ouvriers, fabriquant du matériel pour des entreprise de chimie, exploités pour certains depuis plusieurs années, étaient fréquemment battus et nourris avec des aliments pour chiens. Les investigations ont permis de remonter jusqu'à un centre d'accueil non homologué pour handicapés mentaux, dans la province du Sichuan (sud-ouest). «Depuis 1996, son responsable a vendu au moins 70 handicapés mentaux pour qu'ils travaillent à Pékin, Tianjin et dans d'autres villes», a déclaré un fonctionnaire local, cité par le quotidien China Daily. Les enquêteurs ont trouvé le nombre de 70 dans un livre de comptes tenu par le responsable du centre d'accueil, qui a été arrêté lundi et accusé de traite d'êtres humains en vue d'esclavage. Le patron de la société du Xinjiang, produisant du matériel pour des entreprises de chimie, a également été arrêté. Il a relaté avoir versé 9000 yuans (environ 1000 euros) pour «acheter» cinq ouvriers, puis 300 yuans (33 euros) par personne supplémentaire, a indiqué la presse chinoise. Illustrant la face sombre du miracle économique chinois, les scandales de violation des droits des travailleurs, de travail des mineurs ou d'exploitation des personnes handicapées ne sont pas rares en Chine. En 2007, la découverte de centaines d'adultes et de dizaines d'enfants exploités comme esclaves dans des briqueteries et des mines dans les provinces du Shanxi et du Henan avait connu un retentissement dans le monde entier.