Le projet de développement de la qualité et du rendement de blé dur en Algérie, initié par le groupe agroalimentaire privé Amor Benamor et soutenu par le gouvernement algérien, nécessite différents itinéraires techniques. Ces derniers dépendent essentiellement du pédoclimat qui caractérise les conditions extérieures au niveau du sol des différentes wilayas des hautes plaines de l'Est algérien. Après la performance enregistrée dans la filière tomate, il est également attendu les mêmes résultats dans la filière blé dur avec la grande mobilisation des agriculteurs. Pour réussir cette mission, ce groupe a fait appel à Mme Sadli Fatiha, experte internationale en qualité et représentante de plusieurs firmes internationales en Algérie. Dans cet entretien qu'elle nous a accordé, en marge des journées techniques sur la promotion de la qualité des blés durs dans les hautes plaines de l'Est algérien, elle explique comment définir et surtout réaliser un rendement élevé à l'hectare associé à la qualité, sachant que le rendement algérien tourne autour de 15 quintaux à l'hectare. -Y a-t-il un itinéraire technique spécifique devant être suivi par les fellahs adhérant au réseau mis en place par le groupe Benamor pour espérer augmenter la quantité et la qualité de blé dur à l'hectare ? Il faut savoir que l'itinéraire technique à suivre par l'agriculteur dépend de la qualité de la semence et de la maîtrise de la mauvaise herbe. Il faut connaître également la variété de la semence pour définir les besoins en fertilisants. Ces conditions nous permettent de mesurer la production et sa qualité. A l'étranger, la qualité des blés se mesure par la teneur en protéines. Chez nous, cela dépend des régions. Par exemple, pour le blé dur destiné à faire du couscous, il n'est pas nécessaire d'avoir une semence de haute qualité, contrairement aux spaghettis dont la matière première exige des spécificités. Donc, la sélection variétale du blé dur diffère d'une culture à une autre et de même pour les régions. -En parlant de la semence, la variété locale est-elle d'une qualité à même d'être utilisée par les agriculteurs ou faut-il importer la bonne semence ? Au contraire, la variété locale a de bonnes potentialités. Malheureusement, elles sont mal exprimées. Je vous donne un exemple. Il y a plusieurs cadres algériens qui étaient mal considérés dans leur pays. Il suffit qu'ils émigrent vers l'Europe ou aux USA pour qu'ils s'explosent et deviennent d'éminents chercheurs. C'est le cas de notre semence. Il suffit de lui accorder de l'importance, elle fera des surprises. Et les agriculteurs algériens performants le savent. -Le projet de Benamor prévoit de mettre à la disposition des agriculteurs une ferme-pilote pour expérimenter l'augmentation du rendement et de la qualité du blé dur. Avez-vous des conseils à prodiguer à ces agriculteurs en tant qu'experte en la matière ? Il faut tout d'abord connaître le type de sol et le préparer correctement. Appliquer des itinéraires techniques adéquats qui répondent à la qualité du sol, la spécificité de la semence et le pédoclimat de la région. Récolter à temps et surtout assurer un stockage dans de bonnes conditions, car le blé dur est très exigeant. Afin d'arriver à produire des blés performants avec une bonne qualité technologique, il faut passer par une bonne prise de conscience des agriculteurs pour une utilisation judicieuse des techniques appropriées. C'est dire que pour améliorer le rendement et la qualité du blé dur en Algérie, nous disposons de beaucoup d'acquis. Il y a des exemples qui montrent même qu'il est possible d'augmenter la qualité sans trop affecter le rendement.