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« Des réseaux organisés sévissent dans la région» uamer Ali Dahmane. Président de l'association de protection des sites et monuments historiques de la région de Sedrata
- La wilaya de Souk Ahras recèle des richesses archéologiques. Où situez-vous l'importance de ces vestiges ? Vous trouverez dans la région de Sédrata les traces de la présence humaine qui remontent très haut dans l'Histoire, disons carrément la préhistoire. Les vestiges romains et ceux de la Numidie sont toujours témoins d'événements importants qui ont marqué cette nation. A Sedrata, à M'Daourouch, à Souk Ahras et ailleurs, ces édifices rongés par le temps, ces statues et ces outils qui ont accompagné de près l'évolution de l'Homme, nous aident, des millénaires après, à reconstituer la vie sociale, l'essor et le déclin des civilisations qui se sont alternées sur cette terre.
- Nous assistons malheureusement à une dégradation de ce patrimoine. En êtes-vous témoin ?
Absolument, des citoyens de la région de Sédrata et des communes limitrophes déplacent, par ignorance, des stèles et des monuments d'une grande importance archéologique pour servir d'assises à des constructions privées. Ceci dit, l'existence de réseaux spécialisés dans le vol et l'écoulement des pièces archéologiques est un autre phénomène que nous avons constaté dans ces mêmes régions. Il y a, à peine vingt jours, un groupe, pris en flagrant délit de vol de monnaie antique, a été arrêté par les services de la gendarmerie nationale dépendant de la circonscription de Sédrata. Une autre affaire du genre a été traitée, au mois de juin, par les enquêteurs de la daïra de M'daourouch. Une jarre remplie également de pièces de monnaie antique y a été volée, il y a de cela trois années. Les investigations sont toujours en cours.
- La préservation de nos sites ne passe-t-elle pas inéluctablement par la création de circuits touristiques?
Nous sommes passés à l'acte. Nous organisons régulièrement des excursions et des sorties sur site pour les étudiants, les profanes et tous ceux qui seraient intéressés par la découverte de ces pans de notre histoire collective. Nous avons fait découvrir aux jeunes les vestiges de Djemila et ceux des autres régions du pays pour que notre approche soit en mesure de partir du palpable pour pouvoir parler ensuite Histoire et préservation de vestiges.
- Kateb Yacine venait souvent se ressourcer du côté de Khemissa. Quelle est la particularité de ce site ?
Khemissa, c'est d'abord 65 ha de vestiges, du temps des Romains, c'était le grenier de la région et une ville florissante située à mi-chemin de Thevest, Thagaste et Hippone. Elle a connu des événements majeurs pendant la présence de Tacfarinas et lors du schisme entre Donatistes et partisans de Saint Augustin. Elle ne peut, de ce fait, sombrer dans l'anonymat ou tomber en désuétude.