L'Association internationale de développement (IDA) compte récolter 49,3 milliards de dollars pour sa nouvelle campagne d'aide 2011-2014 aux pays pauvres, dont la moitié, soit près de 25 milliards de dollars, profiterait à des pays africains, a annoncé la semaine dernière la Banque mondiale (BM), dont l'IDA est un organe affilié. L'enveloppe allouée représente une hausse record de 18% par rapport à celle de la précédente campagne (2008-2010), qui avait permis de récolter 41,7 milliards de dollars, a indiqué la BM à l'occasion d'une réunion des principaux donateurs de cet organisme à Bruxelles. «C'est un résultat très significatif à une époque de coupes budgétaires dans plusieurs pays donateurs», a estimé le président de la Banque Robert Zoellick. L'IDA accorde des dons et des crédits à taux zéro aux pays dont les habitants gagnent moins de 2 dollars par jour dont la plupart vivent en Afrique subsaharienne. Au total, 79 pays parmi les plus pauvres de la planète bénéficieront de ces fonds, dont au moins la moitié ira aux pays d'Afrique. Les pays donateurs se réunissent tous les trois ans pour reconstituer les ressources de ce fonds et passer en revue ses politiques. Les fonds de l'IDA servent à financer des infrastructures (routes, projets d'approvisionnement en eau), des projets sociaux (éducation, santé, services sociaux) et agricoles, ainsi que des projets de renforcement des institutions. Pour Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de la BM. «Le financement du développement n'est pas à considérer seulement comme de l'aide, mais plutôt comme un investissement dans l'avenir, car nous avons besoin de la croissance dans les pays en développement pour stimuler la croissance mondiale». Quelque 51 donateurs, dont la Chine, participent à la campagne 2011-2014. La Banque mondiale a elle aussi puisé dans ses propres ressources, mais n'a pas souhaité préciser dans l'immédiat à quelle hauteur, alors que les pays de l'Union européenne ont contribué à hauteur de 43%. La campagne 2011-2014 représentait, pour les donateurs et les pays pauvres, la dernière occasion de mettre à profit les fonds alloués à l'IDA pour tenter de réaliser les objectifs de développement pour le Millénaire, et notamment celui consistant à réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015. La Banque mondiale souligne que les fonds récoltés représentent un «record», mais restent en deçà du fonds destiné à aider l'Irlande et ses banques à sortir de la crise, avec des prêts de 85 milliards d'euros apportés par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI). Tout en saluant l'annonce de la BM, l'ONG Oxfam a regretté que la Banque ne puisse «montrer exactement comment cet argent aide les pays les plus pauvres à échapper à la pauvreté», du fait d'un système «opaque et complexe pour mesurer les résultats». Les ONG Eurodad (réseau européen sur la dette et le développement) et World Development Movement (WDM) ont, dans un communiqué commun, également critiqué l'action de l'IDA, estimant que «des conditions controversées sont souvent liées aux prêts de la Banque mondiale» qui reste, selon elles, «un prêteur sale».