Les violents affrontements qui opposent les manifestants à la police tunisienne à Menzel Bouzayane, une localité située à 60 km du gouvernorat de Sidi Bouzid (centre-ouest du pays) se sont poursuivis jusqu'à hier. Les heurts ont fait un mort et des dizaines de blessés parmi les manifestants et plusieurs personnes ont été arrêtées par les forces de l'ordre, vendredi. Le manifestant décédé, Mohamed Ammari, 18 ans, a été atteint par une balle à la poitrine, a affirmé le Syndicat de l'enseignement secondaire. Un vent de colère s'est emparé de la région de Sidi Bouzid le 17 décembre à la suite d'une tentative de suicide d'un jeune Tunisien, Mohamed Bouaziz. Vendeur ambulant de fruits et légumes, Bouaziz s'est fait confisquer sa marchandise par la police municipale. Désespéré, le jeune homme s'est aspergé d'essence pour s'immoler par le feu. Grièvement brûlé, il a été transféré vers un centre médical près de Tunis. Ce premier incident a provoqué des protestations qui ont dégénéré en affrontements entre la police et des habitants. Le 22 décembre, un autre jeune de Sidi Bouzid s'est électrocuté au contact de câbles de haute tension après avoir escaladé un poteau électrique en criant qu'il ne voulait «plus de misère, plus de chômage». Le régime de Ben Ali ne tolère pas que des citoyens tunisiens expriment leur colère contre la misère. Avant-hier, un journaliste de la radio Kalima, Moez El Bey, en a fait les frais : il a été victime d'une agression chez lui. Invité à une émission que radio Kalima diffuse en partenariat avec radio Galère à Marseille, le journaliste intervenait en direct depuis son domicile de Sfax pour commenter les événements survenus dans le gouvernorat de Sidi Bouzid.