L'Orchestre national de Barbès (ONB), célèbre par son tube Aloui, se produit pour la première fois à Alger, ce soir, à la salle Atlas. Retour des enfants «prodiges» ! -Quand on évoque l'ONB, on pense aussitôt à votre titre-phare, Aloui… Ahmed Benselloum : (percusionniste et chanteur) : oui, dans le fond. Il est mondialement connu. -C'est grâce à vous … A. B. : je ne peux dire que c'est grâce à nous, parce que cela serait perçu comme de la prétention. On peut dire que Aloui est ancien. C'est grâce à notre patrimoine. Et puis, il y a eu l'ONB qui a été créé en 1995. Une bande de copains qui se connaissaient depuis 25 ans. C'est grâce au maestro Youcef Boukela qui faisait partie de T34 (grand groupe de pop-rock), qui a eu l'idée de monter cette formation. Les arrangements ont été conçus par Youcef Boukela, Toufik Mimouni (claviériste). Et puis chacun a apporté son idée personnelle. Toufik Mimouni (claviériste) : c'est vrai que le morceau Aloui est le tube et le titre-phare du groupe depuis sa création. Mais je veux ajouter une petite chose, c'est que malheureusement, j'ai côtoyé des personnes qui résumaient l'ONB à un groupe de âloui. Ce qui est faux. Si vous voulez mon avis, je n'ai pas été étonné autant que cela. La rythmique de Aloui opère une magie dès la première mesure. Je crois en sa force. Kamel Tenfiche (musicien) : dans le premier album, on a repris un titre-phare. Et c'est vrai que cela a plu. C'est un titre porteur et le tube qui nous a fait connaître. On doit beaucoup à ce style (âloui). C'est un style très chantant, très dansant. Personne ne s'attendait à un tel succès, apprécié au-delà des frontières. Mustapha Mataoui (claviers) : le âloui est un rythme qui existe depuis longtemps. Avec l'ONB, on a l'impression de le découvrir. C'est une raison d'être vraiment fier. K. T. : eh bien, comme dit le proverbe, nul n'est prophète en son pays. Il a fallu que le âloui soit reconnu à l'étranger pour se rendre compte que chez nous, nous avons un riche patrimoine. -Alors, c'est l'«Orchestre international de Barbès»… A. B. : (rires) Voilà, on peut le dire. K. T. : (rires) Mais il faut toujours un passeport. A. B. : et un visa ! (rires) -Votre marque de fabrique, c'est l'exploration du patrimoine musical algérien et maghrébin… T. M. : oui, notre marque de fabrique, c'est un peu une façon de récupérer cette force qui existe dans notre patrimoine musical algérien ou encore maghrébin. Le noyau est foncièrement issu du patrimoine algérien. Et l'habillage, c'est un peu les cultures musicales de chaque musicien du groupe. -Justement, vous faites aussi dans l'electro, funk, le steady rock, le jazz, le rythme kabyle… T. M. : il y a des habillages parfois jazzy, reggae, ragga, ska… -Beaucoup de couleurs… T. M. : oui, tout à fait ! De la salsa, etc. Donc c'est une façon de démontrer que l'on fait dans plusieurs styles. Sans se soucier du nom du genre. On fait des musiques qu'on aime. Le âloui en fait partie, il se marie bien avec la rythmique rock, pop… -A la base, le titre Aloui n'était pas prévu pour être un tube… T. M. : c'est le public qui l'a choisi et qui a décidé que cela soit un tube. Les artistes ne peuvent pas prévoir le succès d'un titre sur les 12 d'un album. -Sur l'album Poulina, le titre Nabina, qui pourtant est un chant religieux, est aussi apprécié par le public… A. B. : on nous parle souvent de ce titre-là. Nabina est une très belle chanson. Ceux qui pensent que nous ne faisons que du âloui sont agréablement surpris. -Vous avez repris Cheikh El Mamachi… A. B. : oui nous avons repris une chanson de Cheikh El Mamachi, Ayni Chret Cheria. -Le patrimoine algérien est vierge. Il y a encore des choses à explorer… A. B. : oui, toujours ! On essaie de piocher, de trouver de nouveaux sons. J'ai envie de continuer à moderniser le son âloui, ma spécialité et celle de mon «bras droit», Toufik Mimouni, aux claviers. T. M. : le patrimoine musical algérien et maghrébin est tellement riche qu'on n'en a même pas exploité le dixième. Il y a le tergui, le sahraoui, le chaoui… Il y a tellement de modes musicaux, de rythmiques et de mélodies. Ce patrimoine appartient à tout le monde, y compris les artistes et les groupes qui sont invités à lui donner un coup de jeune, à le faire vivre plus longtemps. Parce qu'il le mérite. -Vous allez vous produire pour la première fois à Alger… A. B. : c'est vrai, cela fait 15 ans qu'on attend ce bonheur-là. C'est un grand événement. On n'arrive pas à réaliser encore. -Alors, rendez-vous à Alger… A. B. : (rires) Exactement ! Ce n'est pas un rendez-vous à Barbès, mais à Alger.