Plusieurs quartiers d'Alger sont touchés par les mouvements de protestation : Belouizdad, Rouiba, Baraki. Des automobilistes ont été pris à partie, lundi soir, par des jeunes des chalets de Draâ El Guendoul (Rouiba), à l'est de la capitale, d'autres ont été molestés, samedi après-midi, à l'intérieur du tunnel de Oued Ouchayah à Bachedjerrah. L'autoroute de Baraki a été fermée dans l'après-midi d'hier. L'émeute est devenue, depuis quelques années, l'ultime recours de la population délaissée de plusieurs quartiers d'Alger. Aucun endroit n'est épargné par ces mouvements de protestation de plus en plus violents. A Belouizdad, des jeunes des quartiers de Laâqiba et Cervantès sont sortis dans la rue. Les forces anti-émeute, qui ont fort à faire depuis quelques temps, sont intervenues en force. Avant-hier, ces mêmes jeunes ont réoccupé la rue, la police a été obligée, cette fois encore, de réagir et de fermer une bonne partie de la nuit l'artère principale de la commune, obligeant les automobilistes à faire de grands détours pour rejoindre leur quartier. Au même moment, la même partition se jouait à Rouiba ; des occupants des chalets de Draâ El Guendoul, du côté de Dergana sont sortis manifester leur colère. «Nous sommes dans les chalets depuis 2003. Les opérations de relogement ne concernent que quelques quartiers du centre. Les habitants des quartiers enclavés peuvent attendre», se désolent les habitants de ces chalets, originaires des communes de Kouba, de Bouzaréah et Hussein Dey. Les résidants de la cité Diar Chems à El Madania ont refusé de rejoindre leurs nouveaux logements. «Nous étions sur la liste des bénéficiaires. Mais on nous a accusé d'avoir bénéficié de logements, c'est faux. Nous avons toujours habité dans un F1 où vivotaient 10 personnes. On accuse la commission de n'avoir pas bien accompli son travail», pestaient, hier, des habitants du quartier qui a connu des opérations de relogement successives sans que la crise soit résolue. Les pouvoirs publics ont répondu à ces émeutes par la répression. Des jeunes des quartiers de Oued Ouchayah, Diar el Baraka à Baraki et même de Belouizdad ont été placés sous mandat de dépôt. Sentant, toutefois, que la situation risque de dégénérer encore plus, la wilaya d'Alger, dans sa grande générosité, n'a pas trouvé mieux que d'annoncer un «nouveau programme» de relogement qui s'ajoute à celui qu'elle assure avoir achevé avant la fin de l'année. «Cinq mille logements seront réceptionnés dans le courant du premier semestre 2011 au profit de 5000 familles issues de la wilaya d'Alger et vivant dans des habitations précaires et des immeubles vétustes», a déclaré, quelque temps après à l'APS, Mohamed Smaïl, directeur du logement. Ce dernier a exhorté les demandeurs de logement qui n'ont pas encore été satisfaits à «s'armer de patience.» Il a par ailleurs indiqué, dans la foulée, que 84 000 logements sont en cours de réalisation dans la wilaya d'Alger, dont 48 000 logements socio-locatifs et 18 000 logements participatifs. «Ce n'est qu'une question de temps, tous les postulants à des logements neufs de la wilaya d'Alger seront relogés», a-t-il indiqué. Mais la population semble ne pas trop y croire.