Crise de démence ou règlement de comptes ? L'assassinat du directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Ali Tounsi, le jeudi 25 février, restera l'une des énigmes de l'année 2010. Le drame est arrivé dans un contexte particulier : scandales de corruption, querelles entre la DGSN et le ministère de l'Intérieur, tensions multiples… L'homme qui a appuyé sur la détente, le colonel Chouaïb Oultache, est présenté comme un proche collaborateur, ami et voisin du défunt. L'auteur du crime a retourné son arme contre lui mais a pu s'en sortir. Dans sa déclaration du lundi 1er mars devant le procureur général de la cour d'Alger, il a déclaré qu'il ne se souvenait de rien. Personnage controversé et influent, Ali Tounsi, vieux routier de la police, exerçant sa fonction à la tête de la DGSN depuis 1995, ne s'était pas fait que des amis. Aux rumeurs disant que le colonel serait sur le départ, il répondait : «Un Moudjahid ne démissionne jamais.» Aujourd'hui, la bataille juridique pour éclaircir l'affaire fait rage. Les avocats du colonel Oultache relèvent des «irrégularités» et des «omissions» dans l'enquête préliminaire et l'instruction de la police judiciaire et du magistrat instructeur. De son côté, la famille Tounsi réclame la convocation de Yazid Zerhouni. L'ancien ministre de l'Intérieur, connu pour ses gaffes, est coupable d'avoir fait des déclarations hâtives sur l'assassinat du colonel. Dans un communiqué, le département de Yazid Zerhouni avait évoqué une «crise de démence» dont a été apparemment pris M. Oultache au moment des faits «sans témoins». Les propos ont été jugés «tendancieux» et «prématurés» par la famille de Si El Ghaouti.