Parler de flambée des prix est devenu un lieu commun depuis plusieurs années déjà où la libéralisation du commerce intérieur a plongé le marché de la consommation dans une situation où la seule loi qui prédomine est celle de la spéculation. Face à ce phénomène qui prend à l'approche de chaque mois de Ramadhan, comme on le constate depuis quelques jours, où les prix des viandes rouges et blanches sont devenus carrément prohibitifs et une insulte à la dignité du consommateur, les pouvoirs publics font le dos rond au nom du libéralisme économique au contenu douteux. Le désengagement de l'Etat de la sphère de la commercialisation a laissé le champ libre au phénomène de la spéculation devenue une activité somme toute légale qui ne fait plus sourciller les services de la répression des fraudes reconvertis à traquer les défauts d'étiquetage et autres tricheries bien connues chez nous. La libéralisation de l'économie a dilué les responsabilités des différents acteurs intervenant en amont et en aval du marché. Les producteurs pointent le doigt sur les commerçants et sur l'Etat ; les premiers pour pratiquer des prix frauduleux au niveau de la production et le second pour avoir abandonné ou réduit à leur goût le soutien à la production sous ses différents aspects. Les commerçants, à leur tour, crient leur innocence, situant l'origine du mal en amont, au niveau de la chaîne de production. Et si tous ces (faux ?) arguments ne convainquent pas, on s'abrite alors derrière le bouclier implacable de la loi de l'offre et de la demande pour justifier la valse des prix. On sait que cette loi qui fonde toute économie de marché n'est qu'un leurre chez nous. Les exemples sont nombreux de produits agricoles qui inondent le marché sans que pour autant cette disponibilité s'en ressente au niveau des prix à la consommation. L'anarchie qui règne au niveau des circuits de distribution n'est que la conséquence du désengagement brutal de l'Etat qui n'a su négocier le passage à l'économie de marché en mettant en place des mécanismes de régulation pour accompagner cette transition économique. Le consommateur, qui est le dernier et le maillon le plus faible de la chaîne, paie comme toujours seul la facture du dérèglement du marché. C'est toujours lui le dindon de la farce.