-Le dernier chiffre du chômage a été arrêté à 10%. L'ONS s'appuie sur les définitions du BIT pour le calculer. Selon vous, ce chiffre est-il fiable et crédible compte tenu des critères sur lesquels il se base ? Le taux de chômage publié par l'ONS n'est qu'une photo de la réalité du marché du travail. Les critères utilisés répondent aux normes retenues par le BIT. Ce mode de calcul n'est pas contestable sur le plan technique. Plusieurs pays dans le monde procèdent de la même manière. C'est au niveau de la comparaison internationale qu'on peut analyser la performance du marché du travail dans la réduction du taux de chômage. Avec ce taux de 10%, on se trouve ainsi au même niveau que les pays de la zone euro en septembre 2010.Les services statistiques marocains donnent un taux de chômage moyen de 9% au 3e trimestre 2010. L'INS de Tunisie donne un taux de 13,3% pour fin 2009. D'autres pays comme le Mali, un de nos voisins les plus pauvres, affichait un taux encore plus bas que l'Algérie et le Maroc, avec 7,7% en 2007 ! -Selon l'ONS, l'emploi non permanent représente un tiers de la population occupée du moment. Est-ce que cela ne fausse pas quelque peu le calcul du chômage en reflétant un état des lieux qui est loin de la réalité ? L'emploi non permanent peut être un indicateur de la flexibilité du marché du travail. Ce type d'emploi n'est pas étranger à la politique économique de l'Algérie qui concentre des investissements importants dans le BTP, sachant que ce secteur ne fonctionne qu'avec des emplois temporaires. Il n'y aucun mystère. C'est le résultat attendu sur le marché du travail. L'alternance entre emploi et chômage dans ce secteur est une réalité universelle. Ce dopage de l'emploi est conjoncturel, il est à craindre qu'après l'achèvement des grands travaux, le taux de chômage risque de reprendre l'ascenseur. -Le chômage féminin représente le double (19,1%) de la moyenne nationale, certains statisticiens pensent qu'il est sous-estimé ? qu'en pensez-vous ? Le chômage féminin en Algérie et dans l'ensemble de la région Maghreb et Moyen-Orient est problématique en soi. Y a-t-il une sous-estimation, je ne saurais apporter les précisions des statisticiens. Ce taux élevé traduit au mieux, pour l'Algérie, l'option économique du pays. Il y a en effet un décalage entre la volonté de promouvoir l'emploi féminin et l'appel à la main- d'œuvre féminine. -Peut-on calculer le taux de chômage autrement que de la manière qui se fait actuellement ? Ce n'est pas la méthode de calcul du taux de chômage qui fait problème. On peut certes améliorer les techniques de sondage et conduire des évaluations mensuelles (comme pour les pays de l'OCDE) ou trimestrielles (comme nos voisins, le Maroc et la Tunisie). On pourra ainsi procéder à une analyse dynamique. Le problème du chômage restera entier tant que la discrimination persiste à l'égard des jeunes, des filles en particulier. Les jeunes (16-29 ans) représentent plus de 70% des chômeurs selon les données de 2010. Et quand l'ONS affirme qu'il y a 25% des jeunes en 2010 qui ne sont pas sur le marché du travail et qui ne sont pas scolarisés, on peut se demander, si on n'est pas en face d'un chômage découragé sinon déguisé.